[TDA]
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

[TDA]

Forum Pour Les Membres De La Team [TDA], et Pour Nos Alliés
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

 

 Le peuple de l'ange - chapitre dix sept -

Aller en bas 
AuteurMessage
[TDA]Armageddon
Leader de la [TDA]
[TDA]Armageddon


Masculin
Nombre de messages : 1141
Age : 33
Localisation : Original City
Emploi/loisirs : Leader et ambassadeur de l'armada!
Humeur : Sarcastique
Date d'inscription : 05/08/2008

Le peuple de l'ange - chapitre dix sept - Empty
MessageSujet: Le peuple de l'ange - chapitre dix sept -   Le peuple de l'ange - chapitre dix sept - Icon_minitimeSam 3 Aoû - 20:22

Un jeune homme marchait, nu, le long d'un sentier en bordure d'une étrange forêt couleur myosotis. Ce qu'il faisait, il n'en avait aucune idée, au dessus de lui, le ciel rouge sang semblait calme, nul vent, nulle faune audible, à des kilomètres à la ronde, le calme était absolu, presque aliénant. Ses ongles de pieds raclaient la terre . Le garçon était faible, mais serein, soucieux de découvrir ce nouveau monde avec l'avidité d'un nouveau né.

- Toi ! Héla une voix, déchirant la quiétude des lieux.

Le garçon semblait ne pas avoir entendu, continuant de marcher tant bien que mal, titubant. Un homme en armure de plaque sombre sorti des ténèbres de la forêt vint à son encontre l'appelant une fois de plus.

- Il ne peux encore nous entendre -conclut il- emmenez le à la prison, il fera allégeance au roi lorsqu'il sera en mesure de comprendre.

Quatre hommes apparurent de chaque coté du nouveau né et le saisirent par les bras. Celui ci, sans se débattre, les regardait les yeux vides sans comprendre ce qui lui arrivait. Les gardes le soulevèrent, tournèrent les talons et l'emportèrent à travers les bois. A demi conscient, le garçon vit bientôt se profiler un immense château au loin avant de s'évanouir. Les gardes le déposèrent sur un lit dans une pièce dont les murs de briques froides le cernaient. Vint le néant.

Il ouvrit les yeux et voulu se lever, il se rendit compte qu'il était enchaîné. Ne comprenant pas la raison de sa captivité, il se mit à réfléchir, essayant de se rappeler ce qu'il avait fait de répréhensible, rien à faire...Les souvenirs semblaient trop lointains, inaccessibles. Une porte s'ouvrit derrière les barreaux de sa cellule et c'est alors que lui parvint les rayons du soleil vermeil et une musique douce semblant provenir de l'extérieur des murs. Comme un orchestre symphonique dont les instruments accordés d'une chaotique mais néanmoins parfaite façon n'étaient pourtant pas identifiables. Ses chaînes s'ouvrirent, ainsi que la porte de sa geôle.

Se dressant sur ses jambes, il vit qu'on lui avait attribué des vêtements de bouffon aux couleurs jaunes criard et des sabots. Il se rendit dans le couloir et compris qu'il n'était pas le seul prisonnier des lieux. Femmes et hommes avançaient d'un pas cadencé vers la sortie comme charmés par la mélodie. La sortie de la prison donnait sur une courre herbeuse. Juché au sommet des murs d'enceinte de gauche peuplés de courtisans en folie, un orchestre jouait sa mélodie à l'aide d'instruments d'origine inconnue. Au sommet, face à eux, un trône gigantesque en or massif sur lequel était assis un homme de haute stature vêtu de soie cramoisie aux yeux bleus et au regard sévère. Sur sa tête chauve se tenait une couronne évoquant des dizaines de serpents entremêlés.

Le roi semblait semblait s'ennuyer, un chevalier ne manqua pas de s'en apercevoir. Il vint à un prisonnier et lui dit :

- Avance et amuse le roi, tu as intérêt à être drôle !

L'homme d'un certain âge répondit d'un regard apeuré et s'avança vers le trône, réduisant l'orchestre au silence. Le roi s'avança sur son siège et observa attentivement le supplicié. Ce dernier semblait hypnotisé par le divin regard porté sur lui et ne fit rien, tétanisé. Au bout d'une minute qui sembla durer une éternité, les yeux du monarque s’étrécirent, et le bruit d'une épée sortant de son fourreau retentit, suivi de bruits de pas. D'un coup sec, le chevalier trancha la tête du malheureux qui partit rouler plus loin dans le rire général des courtisans. L'homme en armure poussa du pied ce qu'il restait de la dépouille et fit signe au suivant. Certains tentèrent des pitreries et furent tués, tandis que d'autres simplement plus costaud et la mine maussade avaient bénéficié de la clémence et avaient été envoyés vers une salle secrète dont l'entrée était emménagée dans les murs. Vint le tour du jeune homme qui s'avança timidement, impressionné par cet homme qui d'en bas paraissait si petit, et qui avait pourtant droit de vie ou de mort sur lui...A court d'idées, il fouilla ses poches, en quête de quoi, il n'aurait sût le dire, mais il disposait de peu de temps avant d'être lui même décapité. Sa main heurta un objet dur et lisse qu'il ôta de son vêtement. Il s'agissait d'une flûte de bois mauve que les musiciens de l'assistance regardèrent avec curiosité, un bruit de conversation se mit à vrombir. Le garçon étonné de cette réaction se mit à regarder craintivement autour de lui puis, dévisagea le roi dont un sourire malsain peignait à présent le visage.

- Alors gamin, qu'est-ce que tu attends ? Lança le chevalier, le regard avide sur un ton de défi.

Les yeux du garçon s’écarquillèrent face à l'objet qu'il porta finalement à sa bouche, le silence se fit à nouveau. Nerveusement, il se mit à souffler dans l'insignifiant instrument. La mélodie, dissonante sembla déplaire au chevalier qui au bout de quelques notes s'avança, épée à la main pour porter un coup de taille, une fois de plus, dans le rire général. La main du roi se leva et aussitôt l'hargneux laquais suspendit son geste comme pétrifié.

- Le chaos... -commença le roi d'une voix étonnamment compréhensible d'où il se tenait- le peuple de l'ange est né du chaos et du dogme...Ainsi sont les paroles du maître des clés que nul ne peut remettre en cause. Continue cher enfant !

Le garçon stupéfait, conscient d'avoir échappé de peu à la mort poursuivit son étrange mélopée. Un à un, (certains à contre cœur) les membres de l'orchestre se levèrent de leurs sièges dans les tribunes et se mirent à chanter dans une langue étrange accompagnant la flûte. Le tout parut absolument disgracieux aux oreilles du joueur même, mais il continuait, se demandant s'il ne s'agissait pas d'une farce. Le roi se mit à rire bruyamment et lança d'une voix de stentor :

- Mesdames, messieurs, voici le nouveau chef d'orchestre de la cour !

Les courtisans restèrent silencieux, certains musiciens regardaient le jeune homme avec envie, d'autre avec une jalousie affichée et certains, avec dégoût.

- Je te permet de rejoindre tes subordonnés. -Dit à nouveau le roi appuyant parfaitement son dernier mot afin qu'il sois compris de tous.

Le jeune homme resta un moment sans mot dire, puis, bredouilla un « merci » incrédule. Il se tourna vers les musiciens et monta les gradins se heurtant aux visages impressionnants qui le toisaient. Des murmures réprobateurs lui parvinrent aux oreilles, puis, de manière automatique à sa grande surprise, ses bras se dressèrent et d’immenses fils presque invisibles partant des autres joueurs se connectèrent à lui. Ne tenant pas compte des railleries à présent nettement nettement perceptibles, comme s'il était connecté à leur esprit, il se tourna vers le centre de la cour et joua une nouvelle fois sa non partition. Bien en rythme, les autres auraient pu donner l'impression d'une symphonie ordonnée si le talent du maître d'orchestre n'avait été si médiocre à toute oreille humaine qui eut entendu cet embrouillamini sonore.

Le roi leva la main dix minutes plus tard et l'orchestre se tue instantanément. Il lança :

- A présent que la question de l'orchestre est réglée, nous allons pouvoir commencer le tournoi. Les vainqueurs comme chaque fois auront l'immense privilège de partir pour le royaume en croisade dans une terre hostile et de faire front commun contre la reine noire des flammes, les indigènes dont nous nous servons et nos nouveaux ennemis, les hommes de métal, dont nous ne pouvons nous servir. Vous partirez défendre la tour de jade, défendre nos intérêts et notre territoire chèrement acquis sur ces terres barbares. Que ma volonté sois faite !

De quelle contrée hostile pouvait bien parler le roi pourpre ? Le jeune homme l'ignorait, et se sentait peu à son aise. Il eut en réalité préféré se trouver au sein de ces gladiateurs à tenter sa chance pour partir le plus loin possible de ce maudit château. Quelques secondes plus tard, il eut la soudaine impression que sa vue se brouillait fortement jusqu'à voir un cachot sombre et des flammes autour de lui...se ressaisissant, il cligna des yeux et la vue lui revint. Les portes s'ouvrirent et plusieurs dizaines de prisonniers en sortirent une épée à la main.

- A présent que vous vous tenez devant moi, je vous ordonne de vous massacrer, je ne prendrai qu'une dizaine d'entre vous. Que se joue le requiem ! Dit il à l'adresse de l'orchestre.

Le requiem ? Il fallait donc jouer un morceau évoquant la tristesse et la mort ? Il ignorait s'il en était capable, toujours étant qu'il se sentit soudainement inspiré et se mit à jouer...Au delà de toutes espérance, divinement bien. Le premier homme de la file sans crier gare lança la première estocade et alla empaler le second, le troisième profita que l'épée du premier était coincée dans la carcasse hurlante du deuxième pour frapper à son tour et décapiter le premier (du moins, partiellement). Ce dernier fut à son tour attaqué dans son dos, puis, ce fut la mêlée générale. Le morceau de musique aux élans épiques ne cessait d'étonner le chef d'orchestre lui même qui se surprit à penser qu'ici même dans ce monde surnaturel, il avait pu développer ce talent pour la musique de façon tout à fait naturelle.

Émerveillé qu'il fut par son don prodigieux, il finit par ne plus faire attention aux hurlements abominables. Fermant les yeux très fort, il se concentra sur l'air se cramponnant à sa flûte, comme si elle avait été un rempart face à la barbarie, la clé pour entrer dans une bulle où toute violence était proscrite, autre que celle de ses accords de musique . Lorsqu'il eut fini, il ouvrit les yeux lentement et ne vit qu'une dizaine de survivant juchés au milieu d'une pile de cadavre. Le plus grand et le plus fort, l'air féroce, planta son épée longue dans le sol et posa un genou à terre face au roi. Se fut un tonnerre d'applaudissement.

- Nous tenons nos champions...Valeureux guerriers, vous partirez pour l'autre monde après le banquet de ce soir, au petit matin.

Comment un souverain si puissant sois t'il pouvait cautionner et organiser de tels massacres ? Le jeune chef voulu partir à cet instant précis, mais, se sachant relié aux autre musiciens, il n'en fit rien, de peur d'être découvert en si fâcheuse prise de position face à une altesse disposant de tout pouvoir sur ses sujets. Dans les yeux des courtisans se lisait la folie et l'hystérie contagieuse de la soif de sang. Malgré cette ignominie, ces êtres n'étaient encore manifestement pas rassasiés.



Le banquet se déroula le soir même à l'extérieur des murs. Isolé, le jeune chef d'orchestre mangeait le contenu de son assiette sous un ciel devenu rouge foncé, presque noir. Le leader expéditionnaire visiblement alcoolisé chantait à tue tête, nullement atteint par l’événement auquel il avait pris part, et à l'autre bout de la table, le roi restait pensif, silencieux ne touchant pas à la nourriture.

Soudainement, une voix rauque pénétra l'esprit du jeune homme.

- Tu crois que le roi t'as choisi pour ton talent? Il t'as choisi car il lui plaît de vous faire souffrir...D'ailleurs, il t'as déjà torturé, n'est-ce pas ?

La voix cessa presque aussitôt lorsque le roi ouvrit les yeux. Le chef d'orchestre le regarda avec insistance, mais rien ne se produisit. Il ne comprenait pas ce que signifiait cette dernière phrase...Ainsi avait il déjà été torturé ? Savait il seulement ce qu'était la torture ? Sa vision se brouilla à nouveau et il entendit un hurlement qui failli briser ses tympans avant de revenir à lui même, hébété. Le roi continuait de le fixer, hermétique à l'ambiance festive.


Le lendemain aux aurores s'ensuivit la cérémonie de départ dans une plaine à la flore d'un jaune éblouissant. Il fut demandé de jouer un air puissant évoquant la conquête et le triomphe du roi face aux hordes impies. A nouveau le miracle se produisit, le garçon parvint une nouvelle fois, et sans partition à jouer un morceaux héroïque se découvrant un amour sans borne pour la musique qu'il jouait lui même. La voix avait sans nul doute menti, ce don formidable lui avait été attribué à lui et à lui seul. Quelle abominable torture cela devait être pour un musicien plus vieux et de plus longue carrière que de voir son talent dépassé par un si jeune prodige ! A bien y regarder, il lui semblait même que le roi lui avait adressé un sourire complice avant de demander le silence. Cet homme, ce monarque, ne lui passait plus aussi mauvais, peut être même l'admirait il et le craignait il à la fois à présent, ce qui le surpris dans la mesure où il le haïssait presque le jour d'avant.

- Nos vœux vous accompagnent, nobles héros...Le gardien des clés nous informera de vos haut faits, puissiez vous nous couvrir d'honneur !

Les fiers guerriers s'inclinèrent devant lui, puis l'espace d'une seconde, le temps qu'une pétale de rose ne chute à la surface d'une étendue d'eau, ils disparurent. La symphonie reprit. Le jeune homme avait finalement trouvé sa place, naguère il eut ardemment désiré quitter ces lieux, il se savait à présent capable d'illuminer le quotidien des membres de la cour qui le regardaient admiratifs. Observant son instrument fétiche, celui que la providence avait placé en sa possession le jour où il failli tout perdre, il ne pu s’empêcher de fixer une cicatrice qu'il n'avait jamais vu sur sa main. La chose lui fit quelque peu perdre ses moyens, il fit quelques fausses notes et le roi se retourna lentement vers lui une expression de colère froide sur son faciès.

Rapidement, il se repris et continua la mélodie, le regard inquisiteur du roi, pourtant continuait de le dévisager.
Rentré dans ses quartiers, honteux d'avoir déçu le roi, le jeune homme se tourna vers son armoire à glace et fit ce qu'il n'avait encore eu le courage de faire jusqu'à maintenant, il retira le vêtement jaune de bouffon que l'on lui avait attribué à son arrivé. Torse nu, il vit toute l'ampleur de l'horreur, labouré de trace de fouets et de brûlure, le supplice s'était perpétré jusque dans son intimité. Comment et quand cela avait il pu se produire ?

Pourquoi n'en gardait il aucun souvenir ? Ainsi, les membres de l'orchestre du moins, le supposait il, savaient des choses qu'il ignorait sur lui même ! Il devait savoir pourquoi et comment...Aussi l'idée de demander audience au roi lui brûla l'esprit, il se mit en route aussitôt. La porte de ses quartiers s'ouvrit en grinçant sur un couloir glauque, lugubre et glacé. Jamais il n'avait vu le château sous cet angle, mais, peut être n'avait il jamais voulu le voir ainsi !

Grimpant les marches menant au sommet de la tour royale presque à reculons, hésitant tel un enfant apeuré, il se rendit compte que son courage lui échappait à chaque secondes qu'il passait refusant d'oublier cette folle idée. Vint une porte métallique d'ouvrage impressionnant devant laquelle il hésita à toquer. De l'extérieur, il percevait comme des voix, mais surtout, des bruits parasites, comme un étrange courant d'air aspirant plus que soufflant. La porte s'entre ouvrit alors...Parut subitement le visage sévère d'un homme qu'il n'avait encore jamais vu, le fixant comme personne dans ce château ne l'avait encore fixé. Ses yeux ronds était d'un noir impénétrable mais semblaient ne pas appartenir à son corps, reliés par de petites montures métalliques, en outre il avait un drôle d’accoutrement sombre.

- Je vois... -commença l'homme d'une voix profonde...Familière- Que vous avez les idées ailleurs...

Celui ci ouvrit complètement la porte et fit signe au nouveau venu d'entrer. Derrière lui, le roi pourpre regardait le jeune homme avec une rage telle qu'il n'en avait jamais témoigné devant qui que ce soit. Ses yeux bleus devenus noirs lançaient des éclairs inhumains au point que le jeune qui entra sembla se liquéfier. L'homme en noir referma derrière lui. Le roi s’adressa au jeune chef d'orchestre de manière calme, contenant son épouvantable humeur devant son invité.

- Avant que vous ne me donniez très précisément la raison de votre venue, je tiens à vous signaler, jeune maître, qu'à nul à l’exception de ma garde rapprochée dans ce château n'a jamais été donné le privilège de voir en personne le maître des clés Caldéron et qu'à ce seul motif, je pourrais vous faire exécuter.

- Allons ! -commença Caldéron amusé- Il, ou...Vous... n'avez rien fait de mal, seulement au mauvais endroit, au mauvais moment ! Jeune homme, dites nous tout !

Le garçon, pétrifié, bredouilla quelques mots sans parvenir à se faire comprendre ne serait-ce que de lui même.

- Je vois, c'est au sujet de la torture, n'est-ce pas ? -Lança l'homme en noir sans hésitation...Le garçon finit par reconnaître la voix qui lui avait parlé lors du banquet- Bien, vous venez de goûter aux méthodes révolutionnaires et sans victimes réelle de notre amis le roi pourpre. -ce dernier mot avait un goût d'amertume- Peut être allez vous pouvoir le convaincre, lui, du bien fondé de votre méthode ? Conclut il à l'adresse du roi que le garçon n'osait regarder en face.

Le monarque le jaugea et fit :

- Je n'ai aucune explication à lui donner, il sait probablement déjà tout ce qu'il y'a à savoir.

- Et...C'est là, que vous vous trompez. Rétorqua le maître des clés. Il fait partie de vous, mais, il n'est pas vous. Vos idées ne vous appartiennent pas, elle ne font que transiter dans votre esprit, puis partent de leur propre chef à la conquête d'autres esprits, avec ou sans votre consentement.

De quoi pouvaient ils bien parler ? Pourquoi cet homme avait il dit qu'il faisait partie du roi ? Celui ci le regardait fixement, puis lança :

- J'ai ma façon de construire le dogme, jusqu'ici, elle a fonctionné. Je n'ai jamais considéré mes sujets comme des entités à part, ils sont le dogme.

- Encore faux. Ils vivent à travers vous, éprouvent des sentiments, ici, de l'incompréhension face à votre cruauté.

- Fiston. -Lança le roi à l'attention du jeune homme qui décidément ne comprenait absolument rien à cette conversation insensée- Le maître des clées insinue que vous pourriez être innocent, est-ce exact ?

L'innocence, un concept qui typiquement pouvait le sortir d'un si mauvais pas, il fallait convaincre le roi de son innocence !

- Oui votre altesse, je suis innocent !

Caldéron fit la moue, comprenant manifestement une perfidie invisible à un non initié.

- Selon les propres mots du maître des clés, afin de permettre à tous, ici même, d'atteindre le monde extérieur...L'innocence doit être broyée... -on toqua à la porte-...Pour que vive le dogme.

La porte s'ouvrit, deux chevaliers entrèrent, avec en tête, le responsable zélé des décapitations.

- Allons, vous ne devriez pas vous torturer ainsi lorsque l'on désapprouve vos méthodes ! Dit impassible Caldéron.

- Maître, ainsi que vous l'avez dit, je ne suis pas ce jeune homme.

Les deux chevaliers se saisirent du garçon qui implora avec la force du désespoir. Caldéron tourna la tête vers lui, le regardant s'éloigner, le visage froid, inexpressif avant que la porte ne se referme sur lui dans un bruit sourd.

- Si je comprend bien, tu voulais savoir où tu avais choppé tes cicatrices ? -s'enquit le chevalier sadique- Alors, nous allons te montrer.

Les deux tortionnaires l’entraînèrent dans les plus sombres escaliers menant au plus sombre des cachots et ouvrirent une lourde porte aux multiples verrous d'où parvenaient des centaines de cris abominables. La salle était vaste presque autant que pouvaient l'être les fondations du château. Maintenue dans une semi obscurité elle retenait captive la totalité de la population du domaine.

Le garçon vit apparaître tel un spectre, un homme torse nu sur une table de torture, il semblait dormir. Soudain, ses yeux s'ouvrirent se figeant dans une terrible expression de terreur, son abdomen fut lacéré par d'invisibles griffes, il poussa un horrible hurlement.

-Mais...Que se passe t'il ? Le roi a fait arrêter tous le château ? Pourquoi torture t'on cet homme ?

Le chevalier eut un petit rire.

- Nan, vois tu, à l’exception de la garde rapprochée du roi, chacun des membres du château a son double ici même...Tu veux voir le tiens ? Ne dit rien, c'est comme si c'était fait !

Peu rassuré, le chef d'orchestre fut entraîné par les deux hommes à travers les rangées sanguinolentes et plaintives.

- As tu idée... -Commença le fou lui dévoilant un minuscule corps mutilé, brûlé, implorant, gémissant d'une personne non identifiable- ...Du nombre d'heure de torture qu'il t'aura fallu avant que tu ne devienne un musicien à la hauteur ? J'y ai assisté, et je peux te dire qu'il y'avait du boulot !

Dans un dernier soupir, le grand brûlé rendit l'âme face à sa version intacte ou presque. Le regard figé portant droit sur les yeux du garçon.

Ce dernier réalisa. Un sifflement retentit à ses oreilles, ses yeux écarquillés se figèrent sur ce qu'il restait du corps de son double. Plusieurs minutes passèrent avant qu'il ne comprenne que les chevaliers l'avaient abandonné à sa contemplation. Il se mit à errer dans les escaliers, puis il s’assit sur l'une des marches, silencieux et recroquevillé.

- C'est ainsi qu'il se torture lui même...

Le garçon tourna la tête et vit Caldérone assis à coté de lui. Il continua.

- J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un acharnement à accomplir sa mission...Faire de vous des tueurs de sang froid et vous expédier dans l'autre monde, mais, j'ai compris, que l'échec lui était insupportable en toute circonstances. Ta piètre performance dans la tâche de conduire un orchestre l'à renvoyé à ses propres échecs, il s'est donc torturé jusqu'à se convaincre lui même...Jusqu'à te convaincre que tu étais bon, et par conséquent, c'est ce que tu es devenu, à ses oreilles, et donc, au tiennes ! Te mettre à la tête de l'orchestre fut probablement l'une de ses plus brillantes ruses pour semer la haine parmi les courtisans, faisant d'une pierre deux coups...

- Pourquoi... s'enquit timidement le garçon- Pourquoi tout ça ? Pourquoi faites vous le rapprochement entre moi et le roi ? Tout ça n'a aucun sens...

Caldérone tourna ses yeux de verre noirs vers lui avant de lui répondre.

- La raison de cette invasion, ne pouvait te paraître que floue...Elle n'est qu'une résultante de mon propre objectif, mon dogme. Moi même, j'ignore sa finalité, je sais seulement que je dois mener l'autre monde à sa perte. Je devine les calculs de mon créateur, je devine qu'ils me détruiront et conduiront les miens à l'extinction...Afin qu'il puisse mener sa mission à bien. Je suis né de sa haine et le seul idéal qu'il m'ait été autorisé d'avoir, est la destruction. Quand au lien qui t'unis au roi, saches, que tu es issue de son esprit, mais, cela ne fait pas de toi un monstre.

- Je...Suis lui...Mais, je ne suis pas lui...Que vais-je...Que vas t'il me faire, après avoir vu ça ?

- Probablement rien. -Répondit le maître des clés- Il ne semble te vouer aucune finalité guerrière. Tu es très certainement sa soupape de sécurité, afin qu'il puisse garder l'équilibre par la distraction. Si tu veux t'éviter toute souffrance inutile, joue pour lui.

- Je ne peux pas...Je ne veux plus ! Je ne pourrais plus jamais jouer, je veux seulement partir. L'autre monde ne peut être pire que celui-ci !

Caldérone eut un petit rire.

- C'est difficile à croire, mais...Il est pire, en un sens. Si la souffrance deviens insupportable, il te suffira de fermer les yeux et de prendre ton envol. Pour lui, cela signifiera que tu es prêt, et il ne peut s'opposer au départ d'un transplan, il n'en a pas le pouvoir ! Quand tu sera de l'autre coté... -il sortit un revolver de son étuis et lui désigna du doigt la détente- Trouve cet objet, et appuis ici, cela les empêchera de te faire du mal.

Le garçon compris grossièrement et acquiesça.


A l'extérieur des murs d'enceinte, le chef d'orchestre brisé était assis à l'ombre d'un arbre. Malgré le mal que le souverain lui avait fait subir, il ne pouvait le détester et ne pouvait comprendre pourquoi...Il éprouvait toujours de la sympathie pour son bourreau. Non loin, des courtisans discutaient entre eux.

- Et qu'est devenu ce fier guerrier bouseux que l'on a envoyé dans l'autre monde, celui qui se prenait pour un chef ? -demanda la première d'un ton maniéré.

- Selon mon ami qui connaît le garde rapproché du roi, cet imbécile se serait infiltré dans un campement ennemi...


Un homme obèse sur un canapé face à son téléviseur se dressa tant bien que mal sur ses petites jambes, sorti d'un tiroir une arme blanche. Il entra dans une chambre dans laquelle dormait un garçon et une fille, son ombre apparaissant grâce à la lumière du salon, recouvrant les deux lits telle la funeste présence d'un horrible croque mitaine. « Aurait tué deux enfants...Puis... » Une femme obèse s'assit non loin de lui sur le canapé du salon et le regarda craintivement...Pendant que l'homme, les yeux exorbités, la main ensanglantée la dévisageait. « ...Une femme. » Il se précipita sur elle pour la larder de coups de couteau encore et encore. La femme hurla puis finit par s'évanouir...Quelques instant plus tard, la porte du foyer fut enfoncée par un homme costumé au teint basané une arme à feu à la main. 


- ..Pour enfin se faire tuer bêtement par le premier coupe jarret qui passait par là !

Le rire des courtisans fut unanime.

- Pour ce qui est des autres, je me doute que ce ne doit pas être bien glorieux non plus...Pour être honnête, j'ai toujours considéré que ces histoires de guerre étaient vraiment stupides, puis, avons nous réellement besoin d'une armée ?

- Indubitablement très cher !

Le tumulte du nouveau débat gronda, le garçon qui avait écouté toute l'histoire se leva, écœuré et parti loin d'ici, vers des lieux plus propice à la rêverie.


Le lendemain s'ouvrit un autre tournoi, puis le surlendemain et ce durant plus de deux mois...Ainsi, au rythme des morts et non des saisons vivait la cour du roi pourpre.

Le garçon monta au sommet de la plus haute tour afin de s'y jeter, personne ne tenta de l'en empêcher...La chute fut courte. Il se posa tel un merle sur la pelouse duveteuse de la cour, réalisant que son être, ou le roi, ne pouvait se résoudre au suicide. Il devrait jouer, et ce, pour l'éternité.

A la fin de ce deuxième mois fut demandé de jouer à nouveau au petit bouffon jaune à qui l'on avait fait croire qu'il était chef d'orchestre. Il ne supportait plus ces hurlements qui lui rappelaient sans cesse la salle de torture, ce sang, ces rires sur son passage...Il était à cours d'inspiration et ne savait plus que jouer...Il avait essayé de suivre le conseil du maître des clés, mais, il ne pouvait en supporter d'avantage...Mieux valait mourir, mais il ne pouvait se résoudre à partir ainsi où a se supprimer lui même, la solution était donc de partir pour l'autre monde, mais il ignorait encore comment faire.

Lorsque le roi lança l'envoi de la symphonie le sourire aux lèvres, le garçon le regarda d'un air morne et refusa de jouer. Le silence devint pesant, une à une, les têtes se tournèrent vers le garçon, tandis que le sourire du roi se muait en un horrible rictus. Le chef laissa tomber sa flûte sur le sol qui se brisa en un millier de morceaux comme s'il eut s'agit d'une sculpture en verre. Les fils qui le reliaient aux autres musiciens se rompirent et les yeux du roi devinrent noirs.


Tenu par les chevaliers, contraint de s'agenouiller dans la salle du trône face au roi, le garçon ne redoutait même plus la colère de son monarque, il comprenait que la pire chose qui pouvait lui arriver ne pouvait que le délivrer de son sort. le roi tonna :

- Ainsi, tu refuse de jouer ? Après le temps que nous avons pris à transcender ta faiblesse, ta médiocrité en force, tu nous recrache ce don en pleine figure? Crois moi, tu joueras !

- Non... -Répondit le garçon d'une voix faible.

- TU JOUERAS, PETIT MINABLE !

- NON ! Hurla cette fois ci le chef.

Le roi resta figé le teint livide. Il tourna la tête vers son laquais lui même furieux.

- Bien, emmenez le dans la salle de torture et remplacez son double par lui même, il est temps qu'il comprenne qu'on ne renie pas ce qui a été acquis par la souffrance la plus extrême.

En larme, le garçon se laissa conduire par les deux fous. Le roi, victime d'un moment de faiblesse se laissa retomber sur le trône la respiration saccadée, sur le point de rappeler ses hommes. Il n'en fit rien.


Le corps du double fut jeté sur le sol comme s'il s'agissait d'un déchet et le garçon toujours en larme fut enchaîné. Alors commencèrent les horribles mutilations et les hurlements. Son ventre se déchira, au dessus de lui, le chevalier fou semblait se délecter de cette souffrance. Le garçon ferma les yeux et aperçu ce qu'il n'avait encore jamais vu...Un paradis de ténèbres teinté de jade, un jeune homme couché sur une route recouverte d'une matière solide et sombre, il pleuvait...Deux hommes tenaient sa tête hors de l'eau, un troisième, debout, lui parlait.

Ce tableau irradiait de beauté et du corps du captif émanait une chaleur réconfortante. A mesure qu'il s'en approchait, la douleur disparaissait, ses plaies guérissaient et la tristesse devenait joie. Il entra alors en osmose avec cette autre âme torturée et ouvrit les yeux. Il vit l'un des deux hommes penchés sur lui, cet être ressemblait à s'y méprendre au chevalier fou et à sa ceinture...L'objet que lui avait montré le maître des clés.

Il se saisit de l'arme, et conformément aux conseils de Caldéron, fit feu pour les tenir à distance. L'arrière de la tête du « tortionnaire » vola littéralement en éclat, son visage exprimant l'incompréhension et la surprise. Le garçon choqué se tourna vers le second qui tendit à son tour une arme, le troisième poussa un hurlement et le coup parti. Déchirant une ultime fois son torse, la douleur ne mis pas longtemps à disparaître, alors, le jeune chef d'orchestre put enfin dormir en paix...

Au rez de chaussé de la tour du NSU dans le tumulte qui régnait dehors, Alastor Ostromos défiguré, vieillis par un mal profond, regardait les cieux et dit à l'intention de Malith Agallans:

- Génocide a cessé d'exister, ainsi que le hackeur.

- Espérons qu'il n'ait pas trop parlé... Répondit l'homme blond.

- Il est peu probable que nous le sachions avant le dénouement de cette affaire. Nos invités d'honneurs seront bientôt là.

- Je pars à mon poste -Répondit Malith- Je ne dois donc attendre aucun soutiens de Phénix ?

- Non, en effet.

- Alors, je te fais mes adieux, souhaitons nous bonne chance, peut être nous reverrons nous dans le rêve!

Malith tourna les talons et parti en direction de la mêlée à l'extérieur.

- Ce n'est pas une question de chance...Pas plus que nous ne sommes issus du rêve...C'est bien le cauchemar, qui nous tends les bras.

Alastor repensa avec amertume au jeune chef d'orchestre que son plan avait conduit au sacrifice et attendit que son invité fasse son apparition.

https://www.youtube.com/watch?v=53q2YuKGejc - La cour du roi pourpre. - Thème du peuple de l'ange. Paroles : http://www.lacoccinelle.net/257642.html
Revenir en haut Aller en bas
 
Le peuple de l'ange - chapitre dix sept -
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» M.A.P.O -treizième chapitre
» "Bouchers et molochs" -chapitre 12-
» Valse -quatorzième chapitre-
» Migraine -chapitre seize-
» Chasse à l'homme - chapitre quinze-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
[TDA] :: Metal Gear Solid Portable Opération :: Anthologie.-
Sauter vers: