"Bouchers et noëlistes" 11ème

«…Le chef du Black Raiden: MickMaz dit le boucher d’Original City a finalement été écroué avec l’un de ses complices, le reste de son organisation de malfaiteur ayant malheureusement réussi à prendre la fuite. Voici qui met fin à la plus longue et la plus sordide chasse à l’homme de ces 10 dernières années. »

L’autre présentateur prit la parole à son tour: « Un problème se règle, un autre s’aggrave de jour en jour. Bien des forces nuisibles tentent encore de semer le chaos dans les petites rues tranquilles de Cross Village…Le NSU montre une fois de plus ses difficultés à rétablir l’ordre quand chaque minute qui passe un jeune adolescent disparait alors qu’un moloch apparait…Les noëlistes quand à eux finissent le travail en terrorisant par l’incertitude même de leurs revendications… » Tel est le lourd constat établit par le détracteur numéro un du parti politique du président Eldar j’ai nommé Alan Westrick. Face au résultat du récent sondage déclarant que quatre vingt pour cent de la population aimerai un débat télévisé, ce dernier rétorque qu’il refuse de traiter voir même de dialoguer avec aucun membre du NSU devant les chaines de télévisions évoquant un problème d‘étique personnelle…Suite de ce journal avec le documentaire « les affres du molochisme… »

Assis sur son fauteuil dans son grand appartement de fonction avec balcon, l’agent Arian Ana épiait sur son holo écran l’effervescence générée par ce flot d’informations soigneusement sélectionnées. Autant de procédés qu’il avait jadis étudiés dans sa jeunesse politique…A présent qu’il connaissait leur tenants et aboutissants, il ne pouvait s’empêcher de se sentir nauséeux. Il se savait fini…Fatigué et usé par une vie de laquais manipulé. Les informations qu’il avaient données au Black Raiden s’étaient révélées fausses puisque leur leader était tombé tout droit dans un traquenard…fuir ne lui serait désormais d’aucune utilité. Si le NSU ne parvenait pas à l’éliminer, les sbires de MickMaz pensant surement à une trahison de sa part s’en chargeraient tôt ou tard. Il attendait tranquillement que la mort vienne sonner à sa porte. Il se leva calmement et déposa deux tasses de café précédemment préparées sur sa table avant que ne frappe un quidam à sa porte.

L’ouvrant, un homme grand et massif, chauve disposant d’une fine moustache noire et d’un costume de fonction de la même couleur entra dans la pièce en prenant soin d’éteindre son cigare avant de le ranger dans sa poche. Il empestait le parfum et affichait sur son visage le sourire d’un vieil ami en visite.

- Jack! -fit Arian d’un ton enjoué, rassuré de voir l’un de ses anciens collègue.-Tu tombes à pic pour le café, viens avant qu’il ne refroidisse!

- Très sympa de ta part! - Rétorqua ce dernier de sa voix de baryton trainante, ses yeux verts fixant le vieil homme - Mais pas en service, tu le sait bien!

- Nan?!…Tu ne prendrais pas un café avec ton vieil amis du service documentation et entourloupe économique? Il n’est pas empoisonné tu sais?

- Je sais, je plaisantais! Répondit Jack souriant.

- Un instant, tu m’a quand même fait peur! Allez, vient t’assoir! Fit Arian en riant de bon cœur.

Les deux hommes s’attablèrent tranquillement. Assis sur sa chaise, le vieil homme avait le regard perdu dans le vague et mis un moment avant de reprendre la parole, paisiblement.

- Ca faisait un bon bout de temps que nous n’avions pas discutés tous les deux, vides ton sac!

- Les mêmes saloperies que d’habitudes, on fini le bouleau, et on repart pour un tour le lendemain… Dit Wateros buvant une gorgée de café.

- Tes collègues continuent de t’éviter?

- M’en parles pas…Mais je peux pas leur jeter la pierre, à leur place, je serais aussi nerveux.

- Ces vieux ronds de cuirs ont tous quelque chose à se reprocher…Dans le meilleur des mondes, personne ne devrait avoir à te redouter…

- Mais on est pas dans le meilleur des mondes, tu le sais aussi bien que moi…Sinon, des types comme moi n’existeraient pas!

- Tu es dur avec toi…Tu n’as jamais fait que ce qu’on te demandais de faire!

- Justement, j’ai fais des choix que d’autres n’ont jamais eu à faire, emprunté des voies que d’autres n’auraient jamais pris…

- Te tourmentes pas comme ça…Ca sert à rien, on en a déjà discuté, si tu ne l’avais pas fait, d’autres l’auraient fait à ta place. Ce qui est fait est fait…

L’homme chauve eut un léger tic sur la commissure droite de sa lèvre. Un silence s’en suivit, l’agent Arian observant ces frémissements sembla s’attrister l’espace d’un instant reconnaissant là un signe incontrôlé de nervosité apparaissant chez les personnes accros à l’usage de stupéfiants. Par respect, il évita simplement de l’évoquer refusant de mettre son collègue mal à l’aise. Il poursuivit:

- Jack…Je voulais que tu saches…L’ordre qui t’a été donné durant l’affaire MickMaz, j’ai vraiment trouvé ça louche…Bref, j’ai voulu savoir qui tirait les ficelles, en vain. Ce que je sais en revanche, c’est que cet ordre qui ne t’a pas été donné de vive voix a abouti purement et simplement à la création de notre pire ennemi…Prives un homme de ce qu’il a de plus cher…Sa femme, ses gosses, et il n’aura de cesses de vouloir se venger, n‘ayant plus rien à perdre, ses attaques seront audacieuses et désespérées…Sommes toutes extrêmement dangereuses. Cet ordre, j’en viens à soupçonner qu’il ait été donné par un commanditaire qui voulait notre peau à tous. Tu t’es fait manipuler, ON s’est fait manipuler…

- La mission m’a été donné par hologramme avec le cachet d’Eldar, Arian, c’est tout comme…

- Mais as-tu seulement entendu Joshua Eldar prononcer l’ordre d’exécution?

- Nan…

- Eldar n’est pas un ange, certes, mais ce dont je suis sûr, c‘est qu‘il n‘a jamais commandité aucun assassinat. Ce n’est pas un meurtrier! Je le connais depuis des années déjà, nous étions issus des mêmes écoles et ce depuis notre enfance. En ce qui me concerne, saches que ce que j’ai fait par la suite, les informations que j’ai donné au Black Raiden…ce n’était pas pour trahir mon pays, mais pour faire la lumière sur toutes ces conneries dans lesquelles le NSU s’est embourbé depuis des mois…Malversations, traités avec des gangs de malfrats, création de milice via manipulations génétique et j’en passe…Autant de trucs dont tu n’a probablement même pas idée!
Dans cette affaire tu n’est qu’un pion de Machiavel et on finira par te tuer à ton tour afin d’effacer toutes traces d’éventuelles manipulations d’état!

- Je vois pas où tu veux en venir, pourquoi vouloir m’aider?

- Pourquoi t’aiderais-je? Tu es l’un des seul gars un temps sois peu franc du collier que je connaisse dans ce service…J’ai toujours refusé de te juger pour tes actes. Par ailleurs, une fois qu‘on t‘aura suicidé, plus personne ne se rappellera de moi, la machination n’aura alors plus aucune entrave et dieu sais jusqu’où elle mènera…J’ai peur aussi pour mes enfants, mes petits enfants et peut être même arrières petits enfants…

- Pour eux t’a pas à t’en faire, le NSU s’en occupera, ils ne manqueront…De rien! -Fit Wateros marquant une pause en sortant un objet de sa poche.

L’agent Arian ne dit mot le fixant sans battre des paupières d’un air grave ayant probablement décelé un quelconque mensonge dans les propos de l’homme. Il avait à présent le cœur lourd et triste, une raison de redouter la mort... un cliquetis métallique retentit dans la pièce, le regard de Wateros croisa celui du vieil homme par inadvertance, chose qu’il regretta. Jack inspira profondément par les narines puis fit:

- Arian…T’es un pote depuis toujours, l’un des rares collègues qui ait continué après toutes ces années à me parler après tout ce que j‘ai pu faire. Même maintenant, tu penses encore à me filer un coup de main…Alors, voilà: sois c’est moi qui te tue d’une balle, nette et sans bavure, et crois moi, ça me fera pas plaisir…Sois tu restes maître de ton destin et tu sautes du quatre centième étage en finissant ta vie dans un dernier envol…

- Ne me fait pas de fleur, je ne vaut guère mieux que les autres types que tu as pu descendre…En plus tu sais que j’ai peur du vide…Je regrette d’avoir à te salir les mains…Jack…N’ai pas de regrets, tu en a suffisamment, juste…Promets moi que ma famille sera tenue à l’écart de tout ça, ils ne sont au courant de rien, s’il te plait…

Wateros fit la moue le regard fuyant, coupable, puis pointa son arme à feu dans la direction du vieux fonctionnaire évitant d‘avoir à recroiser ses yeux à nouveau.

- Adieu, Arian!

- Jack, je t‘en prie…

Une seule et unique balle transperça le cœur de l’agent qui n’eu pour seule réaction qu’une brusque secousse. Des larmes coulèrent des yeux de l’homme désespéré pour qui le tourment dura encore le temps de la minute du mort. Son corps s’affaissa sur sa chaise et le silence revint dans la pièce. Le codec de Wateros sonna dans son oreille quelques secondes après.

- Ouais…C’est fait…Envoyez des gars le chercher…Où en êtes vous? …D’accord…Vous mettrez ses cendres avec celles de ses enfants et petits enfants…Il appréciera, là où il est. Terminé.

L’exécuteur se leva de sa chaise rangeant dans son étuis son arme puis s’approcha de la dépouille de son ex collègue. Avec déférence, il referma les paupières humides du défunt pour la dernière fois avant de quitter la pièce.



http://www.lacoccinelle.net/306378.html Thème de Jack Wateros




Ce matin là Jack avait le cœur lourd. Il se levait comme chaque jour pour faire son rapport de la nuit au quartier général du partit Nations Sécuritaires Unifiées. Pour la première fois de sa longue carrière, il avait le sentiment de s’être rendu coupable d’un meurtre aux graves répercutions à venir. Il sentait peser sur lui le nuage d’une menace grandissante dont il ignorait encore quelle calamité il allait faire pleuvoir sur lui. Dark Eldar en personne l’avait convoqué, probablement pour le féliciter de l‘accomplissement de sa mission.

Arrivé au grand hall de la tour, il croisa un collègue, un dénommé Hamilton qu’il connaissait depuis près de vingt ans, il lui fit signe pour le saluer, le haut fonctionnaire détourna le regard, comme inquiet. Pensant que l’homme ne l’avait pas vu, Jack continua sa route menant à un grand ascenseur conduisant au bureau du président.

Arrivé au sommet de la haute tour, il s’immobilisa devant une porte nano plastique qui s’ouvrit automatiquement après avoir effectuée une analyse rétinienne. Le bureau était partiellement éclairé, une atmosphère étrange se dégageait de la salle. Attablés autour de la vaste table ronde au centre de la pièce, quatre hommes costumés demeuraient sans mot dire. Deux d’entre eux avaient les cheveux courts, l’un blond aux yeux bleus, l’autre brun foncé au teint clair. Ce dernier portait une paire de lunettes de soleil ronde et opaques, un truc pour intimider son petit monde pensa Wateros. Les deux autres d’un jeune âge avaient les cheveux long, l’un roux aux yeux verts, l’autre à l’épaisse chevelure bouclée d’un noir de jais. En dehors de ces différences, tous deux avaient un physique étonnement similaire, comme deux jumeaux. Loin derrière eux, regardant au travers d’une vaste baie vitrée donnant sur les illuminations d’Original City et son ciel aux reflets de jade se tenait un homme costumé de haute stature à la calvitie prononcée, aux traits du visage sévères et aux yeux noirs foncés. Dark Eldar devait avoir la cinquantaine bien passée et avait un charisme agressif toujours intacte semblable à celui d’un vieux lion digne et encore dangereux.

- Jack, on attendais plus que vous! Asseyez vous, je vous en prie!

Pas très à l’aise, l’exécuteur s’exécuta s’asseyant en face de ses quatre voisins de table. Le président se tourna dans sa direction et s’approcha de lui.

- Cela va bientôt faire trois jours que l’agent Arian est porté disparut sans laisser de trace. J’ai peur que les membres du Black Raiden ne lui ait fait la peau après l’arrestation de leur chef…Où en êtes vous dans vos investigations?

Wateros resta la bouche entre-ouverte affichant un air d’incompréhension.

- J’aimerais comprendre pourquoi mon meilleur ami que je connaissais avant même mes débuts en politique à vendu des informations à notre ennemi. Sa famille n’est pas en sureté non plus, avez-vous fait le nécessaire pour les mettre à l’abris?

La tension monta d’un cran lors de cette dernière phrase, et une terreur profonde remua les entrailles de Jack au point de lui en donner la nausée.

-Je…

Soudainement, une voix sombre raisonna dans sa tête aussi nettement que si un homme lui chuchotais dans le creux de l’oreille lui disant:

- Dites très précisément ce que je vais vous dire, ou vous êtes un homme mort. Arian est toujours porté disparu -Wateros répétait au fur et à mesure- ses contactes l’ont peut être accueillis dans un endroit hors de notre juridiction.

- Nom de dieu! -Le chef du NSU s’essuya le front avec sa main gauche en s’appuyant de sa main droite sur la table - Ils ont déjà tué mon fils, faites qu’ils les laissent tranquille…S’il venait à leur arriver quelque chose par ma faute, je ne pourrais jamais me le pardonner! Qu’en est il de sa famille?

L’homme aux lunettes noires prit la parole de sa voix sombre:

- Nous nous en sommes chargés personnellement, ils sont en sécurité à des kilomètres d’ici dans un endroit connu seulement de l’armada. Pour garantir leur sécurité, nous éviterons même de l’évoquer ici!

- Parfait…Il ne manque plus que lui alors…C’est bientôt les deux ans de son petit fils, vous ne pouvez même pas imaginer ce que c‘est que d‘avoir peur pour une personne pour qui même tous les pouvoirs de l‘état ne pourrons rien!

- L’armada fera tout son possible pour le retrouver, soyez en certains…Je pense que mobiliser l’agent Wateros pour cette affaire en des temps si troublés là où des situations exigeraient sa présence serait une mauvaise idée. Alan Westrick ne cesse de pointer du doigt les problèmes de la cité alors que votre côte de popularité est déjà en chute libre.

- Quoi? Cela ne fait même pas trois semaines que je suis élu! Comment les gens peuvent ils à ce point retourner leurs vestes?

- Les gens veulent du résultat - rétorqua l’homme blond- …Nombre de problèmes sont survenus pendant ces trois semaines de mandat et l’opinion publique est extrêmement versatile comme vous le savez…N’oubliez pas que les gens de Cross Village votent également et que la situation empire de manière fulgurante les concernant!

- Que suggérez vous, Malith?

- Accroitre le budget à l’armement, mobiliser plus de troupes, préparer le test du premier soldat deux cent quarante huit…Nous avons quatre priorités actuellement: mettre sous les verrous les derniers membres du Black Raiden toujours en fuite, comprendre et éliminer la menace noëliste, identifier et supprimer la source du molochisme qui est d’ailleurs la principale source d’inquiétude de la population et enfin traquer les derniers cyborgs qui se terrent dans les canalisations…

- Pas mal ces objectifs…Si nous parvenions à résoudre ne serait-ce qu’un seul de ces problèmes, nous serions dors et déjà capable d’assurer ma réélection ainsi que celle d‘après…Mais je doute que la chose soit si simple! Ironisa Eldar avec une pointe d‘agacement.

La sueur froide coulait le long du dos de Wateros qui se contentait d’être spectateur silencieux et horrifié alors qu’il savait qu’il venait probablement d’échapper à un juste châtiment. L’homme à la chevelure rousse semblait dessiner sur sa feuille de papier, souriant et totalement déconnecté de la réalité, tandis que son sosie restait froid et concentré, regardant dans le vague. L’homme nommé Malith continuait de discuter avec le président, enfin, son regard se porta sur l’homme aux lunettes qui le fixait de telle sorte que la peur se fit lancinante comme une lame de rasoir…Il semblait littéralement lire ses pensées. Il n’avait aucun doutes là-dessus, si un homme à cette table disposait de pouvoirs ESP(Extra Sensorial Perception) nécessaires pour projeter ses ordres dans l’esprit d’un autre homme, ce devait être lui! Il se remémorait alors la conversation qu’il avait eu avec Arian Ana au sujet d’une quelconque machination d’état. Ce type d’apparence austère semblant sortir d’un film en noir et blanc avait il un rapport quelconque avec cette histoire? lui-même avait il seulement été un jour sous les ordres véritables de celui qu’il considérait comme son employeur? Un petit sourire apparut aux lèvres de l’homme ce qui confirma en partie les craintes de l’exécuteur.

- Jack?

Ce dernier fut tiré de ses réflections par Eldar.

- …Oui monsieur?

- Vous n’avez pas l’air en forme mon vieux!

- Je peux répéter si vous le souhaitez… -fit Malith-


- Laissez, je m’en occupe! Vous allez partir avec l’agent Phénix ici présent pour faire une perquise un peu spéciale, une vieille bicoque dans Cross où le voisinage commence à se poser des questions…Un type louche y aurait élu domicile, certains pensent qu’il pourrait être noëliste.

- D’habitude, je travail seul…

- Pas cette fois, de plus, le nouveau membre de l’armada qui vous accompagne est en formation, votre expérience lui sera des plus profitables… -fit Eldar désignant d’un air septique le jeune homme roux toujours en train de griffonner sur sa feuille- …si vous voyez ce que je veux dire…

Wateros acquiesça d’un signe de tête, un tic nerveux animant la commissure du bord droit de sa lèvre.

L’homme à lunettes n’avait pas cesser de le fixer, pas même alors qu’il quittait la pièce pour rejoindre ses quartiers, aussi lui avait il adressé un dernier sourire qui n’avait pas manqué de le mettre mal à l’aise. Il était rare que Jack Wateros soit à ce point troublé par une tierce personne, ajouté à la sensation de s’être fait manipuler et la nette impression d’avoir écopé du premier mouchard venu, il était à présent extrêmement nerveux et irritable. Fréquemment, un nouveau tic nerveux venait en remplacer un autre sur son visage surtout lorsqu’il était en compagnie de son nouveau Co équipier, l’agent Phénix. Ce jeune homme semblait totalement dépourvu de conversation voir même de vie privé, un véritable mur au sourire imperturbable. Pire, il lui avait semblé à deux reprises qu’il avait anticipé ses questions ou les avait « lues » tant la vitesse de ses réponses semblait surhumaine.



Les sirènes de police hurlaient avant même que Phénix et Wateros n’arrivent sur les lieux. Fou de rage, ce dernier dit à l’adresse de l’inspecteur déjà sur place:

- Voilà pourquoi j’aime pas bosser avec les flics, on pourra dire ce qu’on veux de mes méthodes, mais moi au moins, je sais fermer ma putain de gueule quand il faut!

L’inspecteur toisa l’agent avec dégout sans ajouter quoi que ce soit.

Ne perdant pas une seconde, Jack se rua directement vers la maison cernée par les Spatios Pods des forces de l’ordre.

- Agent Wateros -fit Phénix toujours souriant- avez-vous songé à vous munir de quelconque dispositif anti nuisible?

- On peu dire ça comme ça… -Répondit il dégainant son révolver, feignant de n’avoir entendu la remarque-

- Si je vous dit cela…C’est que vous pourriez réellement en avoir besoin…Par ailleurs, l’ennemi sachant que nous sommes ici pourrais vous tendre un piège.

- Putain, faites le taire… fit discrètement l’homme armé s’apprêtant à ouvrir la porte de la maison.

Sa main gantée toucha la poignée. Une substance gluante semblable à de la gelée la recouvrait. Il retira sa main, ses lentilles spéciales tentant d’analyser la chose. Nombre de composant au noms compliqués s’affichèrent dans son œil ce qui en plus de dégouter l’agent acheva de l’exaspérer. Il ôta son gant laissant apparaitre la main noire de son exosquelette et enfonça la porte qu’il pulvérisa tel un bulldozer.

A l’intérieur, l’obscurité régnait. Au dessus de lui des bruits métalliques tels des câbles suspendus raisonnaient dans la pièce. Il leva la tête réglant ses lentilles sur vision nocturne d’un simple battement des paupières, il ne vit rien d’autre qu’un plafond haut en voute gothique. Le sol recouvert de poussière générait un volute de fumée sous chacun de ses pas, aucun meubles n‘avaient été disposés dans la maison, preuve que cette dernière n‘était pas habitée. Dans le fond de la pièce se trouvait une porte derrière laquelle il parvenait à entendre des bruits de conversation. Sans la moindre appréhension, il prit l’arme qu’il tenait dans sa main droite avec sa main gauche, durci son bras droit qu’il hérissa de pointe acérées.
Alors qu’il était à deux doigts d’entrer, les bruits disparurent. A nouveau, il enfonça la porte qui vola en éclat et pu voir ce qui se cachait derrière. Une forme humanoïde filiforme emmitouflée dans un manteau en cuire noir au vaste col monté se tenait au centre de la pièce. La chose se tenait droite les bras croisés et la tête rentrée de sorte que l’on ne voie que ses cheveux longs semblable à une crinière noire hirsute.

- Salut beauté! -fit Wateros à l’attention de la personne-

Lentement la créature remonta sa tête vers l’arrière laissant voir de grands yeux blancs et une mâchoire ouverte aux dents longues et pointues. Sa bouche dessinait ce qui aurait pu s’apparenter à un sourire.
Wateros eut un rictus avant de pousser un grognement en levant son arme:

- Oh, sublime…Bouge plus, boudin…

- Naaaaan…C’est toi qui ne bouge plus… -fit la créature de sa voix de jeune homme désaxé en décroisant ses bras.

Les fils enroulés autour de Jacks se révélèrent enfin écartant ses bras et jambes avec une force stupéfiante. Son arme de fonction tomba sur le sol tandis que le bruit qu’il avait entendu en entrant dans la maison se faisait entendre à nouveau plus fortement cette fois. L’homme vêtu de cuir s’approcha de Jack les bras tendus de chaque extrémité. Son visage n’était plus qu’à quelques centimètre de celui de l’exécuteur.

- T’es quoi au juste? Tu peux pas être un moloch…T’es un noëliste…Ce col à la con que tu portes, c’est celui de l’ordre des nano chirurgiens black hat…T’es qui sac à merde? -Fit Wateros fixant le regard blanc nacré de son interlocuteur-.

- T’es vrAYment bien renseigné…Je ne m’attendais pas à de telles déductions en si peu de temps dans le noir complet qui plus AY…

- Qui était avec toi? J’arriverais bien à te faire parler…

- Des membres du Black Raiden…On discutait à propos du futur attentat qu’on allait perpétrer contre ton patron…

Surpris que l’homme se mette à table si facilement, Jack rétorqua:

- Tu dois vraiment avoir confiance en toi pour me dire ça…

- Ouais…Je dois te laisser l’ami, on m’attends pour fignoler les détails. Compte tenu de ton petit rôle de jouet de l’armada, je doute que l’on se revoie de sitôt, mais, sais t’on jamais!

Une fois de plus, Jack crispa ses muscles ce qui créa un effet rotatif des pointes de son bras droit, sectionnant le fil qui maintenait celui-ci prisonnier. De ce même membre, il prit la gorge de la créature et la souleva de quelques centimètres en riant de sa voix rauque.

- Plus tôt que tu crois…Tu m’a l’air bien informé toi aussi et ta confiance m’inspire de joyeuses pensées ducon!

- Ahhhh….J’en suis heureux…Argh…La créativité est ma rayson d’être… -fit l’homme d’une voix étouffée en baissant ses bras d‘un coup sec-.

Un bruit sourd retentit, comme si le plafond allait s’effondrer. Un objet lourd sembla chuter sur le sol derrière Jack. Ce dernier sentant venir le danger lâcha sa proie, fit usage de toute la puissance dont pouvait disposer son armure pour se dégager des fils et faire volte face. Une chose invisible à la force herculéenne balaya littéralement l’exécuteur qui partit s’écraser contre un mur. L’homme vêtu du cuir se massait la gorge se relevant difficilement.

- Sacrée poigne Jack! Franchement, chapeau, mAY, en fait, non… -il finit sa phrase sur un rire sur aigue- Ton esprit est corrompu par ce même flAYau que tu combats dans les rues. Pour quelqu’un comme moi, t’es un livre ouvert…j’espère ne jamais revoir ta tronche de junkie!

Un peu sonné, Wateros se releva en s’appuyant sur le mur à moitié défoncé par son poids. Il vit le nano chirurgien grimper sur un escalier invisible puis s’immobiliser dans les airs. Très rapidement, l’exécuteur se releva puis tandis le bras pour projeter un fils électrique de son armure dans le but de paralyser sa cible, mais en vain, le présumé noëliste esquiva à la vitesse de l’éclair sans même faire le moindre mouvement mais dans un bruit impressionnant. Puis, flottant dans les airs, il se rapprocha vers le mur du fond et s’inclina vers l’avant toujours fixant son adversaire médusé avec le même sourire. Sans bouger et perpendiculairement, il escalada le mur sans le toucher et dans un fracas infernal, un trou énorme se creusa sur la paroi par lequel il s’engouffra pour prendre la direction du toit de la maison. Wateros ramassa son arme et se rua du mieux qu’il pu vers le trou en hauteur pour suivre l’homme.
A l’extérieur, il pleuvait à présent, les sirènes continuaient de retentir. Escaladant à grande vitesse, il finit par retrouver son adversaire dans les airs, à plusieurs mètres, les cheveux collés par la pluie et le vent sur son visage lui donnant un air encore plus monstrueux.

Lentement, la chose porta son index droit sur ses lèvres comme pour inviter Jack à faire silence, puis dans un bond incroyable, il disparut dans les cieux laissant le chauve désabusé ayant du mal à camoufler son air stupéfait.
Baissant les yeux vers les bases de la maison, il vit phénix les cheveux trempés lui sourire.

- Vous saviez pour lui…-fit Wateros le costume trempé et salit par la poussière au volent d‘un spatio pod à l‘attention de l‘agent Phénix à coté de lui, - J’ignore comment, mais vous saviez…Pire, ce type m’a carrément expliqué qu’il fricotait avec le Black Raiden dans le but de faire un attentat…Je suppose que vous le saviez aussi?

- Bien sûr! -Répondit Phénix avec son habituel sourire innocent- L’armada est en ce moment même en train de faire le nécessaire afin de riposter efficacement.

- Je comprend que dalle…Vous jouez double jeu? Pourquoi me faire enquêter sur les noëlistes si vous saviez déjà ce qu’ils ambitionnaient de faire? Autre chose, pourquoi m’a-t-il révélé ses intentions?

- Il a dut penser que vous travaillez avec l’armada et qu’en ce sens, vous étiez déjà au courant…Nous avons surement eu des fuites. D’une certaine manière, il n’avait pas tout à fait tort, par ailleurs, les noëlistes sont plus ou moins des électrons libres, nous ignorons quand et comment ils frapperont car il peuvent tout aussi bien œuvrer chacun à leur manière de leurs coté.

- Minute, je croyais qu’on avait aucune informations sur ces types là, et d‘ailleurs, je ne bosse pas avec vous, je n’ai qu’un seul employeur!

- Agent Wateros, vous travaillez pour nous à votre insu depuis déjà une dizaine d’années au bas mot…Peut être plus…Les membres du partit vous craignent et évitent votre compagnie, cela ne peut être imputable qu’à votre seul emploi, si intimidant soit il…Si nous ne vous avons pas renseigné au sujet des noëlistes, c’est très probablement parceque la situation ne l’exigeaient pas à cette époque! Nous savons déjà tout de vous…Vous pensez que je suis ici pour vous évaluer, mais vous vous trompez lourdement, je connais vos méthodes ainsi que les critères de sélection évalués lors de votre embauche au NSU.

La conduite de Jack devint plus nerveuses dans les cieux.

- Mes critères de sélections…Alors là…Vous m’en bouchez un coin…C’était quoi? Rétorqua dédaigneusement l’exécuteur.

- Je ne peux rien vous révéler pour le moment…

- Foutage de gueule…Si j’ai même pas le droit de connaitre la raison pour laquelle j’ai été pris pour ce job y’a près d’une trentaine d’années, j’ai peut être enfin le droit de connaitre tout ce qu’il y’a à savoir sur les salopards qui risquent de me tomber sur le claque merde, nan?

- Vous avez tout à fait raison…Le culte noëliste n’en est pas réellement un…En réalité, il s’agirait plus à la base d’un mouvement protestataire d’une branche du milieu scientifique ayant rejeté le retour en force du culte religieux du dieu unique. Souhaitant le dénaturer, ils s’unifièrent sous une caricature de divinité fictive nommée Noël. Ces scientifiques en marge de la société étaient pour la plupart d’anciens nano chirurgiens chevronnés. Face à l’amplitude qu’a pris ce nouveau mouvement, beaucoup de grand pontes refusèrent de porter crédit à des gens qu’ils jugeaient alors comme des farfelus peu dignes de confiance. C’est ainsi qu’ils tombèrent pour la plupart dans la criminalité ou la clandestinité arborant des noms de codes et le manteau noir à col dressé des « black hat » terme utilisé pour désigner les nanos chirurgiens offrant leurs services aux plus offrant et ce peu importe la cause. Cette organisation n’avaient jusqu’à présent aucune forme précise, aucun leader…Pourtant, depuis quelques années, nous avons pu constater de nombreux changements, notamment dans leur apparence et leur comportement.

- C’est-à-dire?

- Ils semblent à présent avoir un chef que nous n‘avons pas encore pu identifier malgré tous nos efforts…Par ailleurs, leurs corps semblent réagir différemment aux conditions atmosphériques et au stress…Ils sont froids et incapables de ressentir la moindre émotion. La plupart d’entre eux, surtout parmi les plus connus, ont les yeux blancs, un signe quasi hiérarchique. Nous ne sommes pas sûr de cela, mais il semblerait que plus leurs yeux soient blancs, plus leur rang soit élevé.

- Le monstre que j’ai rencontré tout à l’heure…Il avait les yeux blancs, même en vision nocturne, c’était visible…C’était donc un de leur haut gradé. Ca expliquerai pas mal de truc. Autre chose, il a eu un fou rire débile, du genre hystérique avec un pois chiche dans la caboche et avait un sérieux problème de diction, ça colle pas avec votre description!

- Comme je vous l’ai dit, les noëlistes sont nombreux et parfois solitaires…Leurs procédés de thérapies géniques ne sont peut être pas tous les mêmes ainsi que la réaction des sujets.

- On verra, -le regard de Jack fut attiré par le mouvement d’un individu sur un toit-… pour le moment…J’ai un chat à fouetter…Un gros chat dégueulasse et qui vole… fit il d’une voix trainante et méprisante, comme s’il s’apprêtait à éliminer un insecte nuisible particulièrement répugnant.

Le spatio pod s’immobilisa dans les airs.

- Prenez les commandes, je reviens dans un instant! Fit il à l’adresse de Phénix qui prit le volant.

Il ouvrit la portière du véhicule, détacha sa ceinture et se laissa tomber lourdement sur le toit d’immeuble sur lequel il avait aperçu le mouvement. L’exosquelette amorti la chute dans un bruit sourd.

- Hééé! Ca faisait un baille vieille branche! Fit il se relevant.

Son interlocuteur à deux mètres, surpris, prit instantanément son envol dans une détonation semblable à une petite explosion. Wateros dégaina le « tazer » de son armure qui se fixa à la cheville de la chose dont les muscles se tétanisèrent dans les airs. Dans un hurlement elle chuta dans la rue plus bas.

- Me fait pas chier…C’est pas le soir…

Dans un grognement, l’exécuteur s’élança du toit pour atterrir près de sa cible. Se redressant, il sortit son colt et marcha vers la créature ailé se protégeant le visage, du sang filtrant à travers ses mains. Wateros lui donna un violent coup de pied dans les cotes qu’il accompagna d’un « bonsoir » énergique. La créature étendue poussa un petit cris aigue.

- Ohhh! Allez, fait pas ta chochotte, t’en a vu d’autres en taule, pas vrai? Ils t’ont relâché pour vice de procédure?

- Putain, t’es comme l’herpes Jack, on arrive jamais à se débarrasser de toi! Fit la chose d’une voix étonnement féminine.

- Tu l’a dit sac à merde…Allez, vides toi, t’étais en repérage? T’as déjà rechuté? C’est le retour triomphal de Punisher, le vilain croque mitaine de Cross Bone?

Punisher, le corps seulement vêtu d’un pagne et d’un jet pack sur le dos harnaché derrière des prothèses dont la forme évoquaient celle de grandes ailes de chauve souris émit un petit rire. Il dévoila son visage en retirant ses mains. Son crane était allongé, son petit nez ensanglanté retroussé ainsi que ses lèvres dévoilant de grandes canines, ses grands yeux disposaient de lentilles de couleur phosphorescentes jaunes et ses mains souillées étaient griffues.

- Ca faisait longtemps qu’on m’avait pas appelé comme ça…Sinon, ouais, tu m’a pris sur le fait, j’étais en train de libertiner tranquillement…

- Libertiner? A son tour, Jack eut un petit rire…Avant de donner un grand coup de pied dans le menton du monstre qui hurla de nouveau de sa voix suraiguë.

- Putain, Jack, merde…Ca fait deux fois…Tu sais combien ça m’a coûté pour me faire refaire cette tête? Fit Punisher, les larmes aux yeux, d’un ton implorant.

- Ouin, ouin, ouin…Je sais…Dis moi, toi qui te tiens au courant de toutes les saloperies qui trainent la nuit, tu saurais pas où je pourrais trouver un noëliste?

- Un…Quoi?

Wateros expira fortement.

- Au fait, j’imagine que se faire ravaler la façade, ça t’a coûté bonbon…Mais, et le machin que t’a entre les jambes? -fit Jack pointant son arme dans la direction des parties intimes de la bête- m’a l’air bien grosse pour être d’origine…

- Nan nan nan! Attends…Un noëliste, c’est bien ça?

- C’est bien ça, oui!

- Ces types sont des barjos, j’ai déjà essayé de traiter avec l’un d’entre eux pour me faire…Agrandir…Tout ce qu’il m’a proposé, c’est de tenter le coup avec ses mutations aléatoires, son molochisme à la con…Je l’ai envoyé se faire foutre, il n’a pas aimé…Je me suis fait passer à tabac…Ce type est spécialisé dans les animations de nuits dans les pubs crados, c’est devenu un sacré business…

- Dis m’en plus! Dit Jack rengainant son arme et s’accroupissant face à Punisher, allumant un cigare.

- Les molochs…Ca désignait une ethnie Cananéenne qui sacrifiait ses nouveau nés à leur dieu à une époque…Maintenant, c’est des gars normaux, des junkies consommateurs de boost, la nouvelle drogue à la mode…Il parait que c’est mile fois plus puissant que le crack.

- Je connais le boost…Continue!

- Des jeunes, pour la plupart, même pas majeurs, peut être même encore vierges…Ils sont en manques, au point d’en crever dans d’atroces souffrances…Alors, plutôt que de subir ça, il se font embobiner par des dealos pour aller dans des boites la nuit. On leur promet une année voir une vie entière de boost financé par des gros bonnets s’ils acceptent une absorption. Plus la mutation est trash, plus la récompense est grande…C’est comme ça qu’ils deviennent des molochs ou « sacrifiés » .

- Putain, c’est dégueulasse…

- Tu vois, y’a pire que moi!

- Nan, je parlais du cigare, il a pris la flotte…Et pourquoi ils font ça? J’veux dire, en quoi ça les arrangent de transformer un gamin en phénomène de foire?

- C’est devenu un vice récurent chez les gens de la haute…Les peep shows de grand papi, ça les fait plus bander, ils ont besoin de voir un truc bien gore…Inutile de préciser que plus le moloch est jeune, et les mutations horribles, plus les profits sont juteux…Tu serais étonné de savoir jusqu’à combien ils sont prêts à payer pour voir un corps se déformer en live, ces pauvres frustrés de la pine...

- Bizarre, après avoir coffré des mecs dans ton genre, ça me choque plus vraiment d‘entendre tout ça… Wateros se redressa. En gros, je dois me taper tous les bouibouis à la con jusqu’à ce que j’arrive à en chopper un?

- Celui où j’ai rencontré le malade est le plus célèbre, le pop up, c’est de notoriété que tous les soirs un moloch en sorte avant de rejoindre la case prison…C’est généralement peu après qu’ils aient eu le malheur de croiser une glace en chemin, ça les rends toc toc...

- Ok, je vois duquel tu parles…Je te remercie de ta coopération.

- Y’a pas de quoi, ravis d’aider la justice au mieux Jack! Fit Punisher de sa voix de femme reculant dans l’obscurité en rampant.

- Dis moi, avant de partir violer un autre couple ou gosse sans défense, pourquoi je t’ai pas encore buté d’une balle dans la tête depuis le temps? J’veux dire, ça fait trois ans que ça dure nan? Faut vraiment que je sois le dernier des derniers pour te laisser encore t’échapper comme ça…Qu’est-ce que t’en penses? Pourquoi je fais ça?

Punisher eut un moment d’hésitation, puis il s’emporta, comme pris d’une soudaine crise de nerf, comprenant qu’il perdrait bien plus que quelques dents ce soir là.

- Surement parceque tu sais que ce sont les ordures comme toi qui engendrent les mecs comme moi…Que sans nous autres, créatures de la nuit, les petits fonctionnaires bas de plafonds tels que toi n’auraient plus de bouleau et finiraient comme nous…Ca fait partie du jeu, on est pareils tous les deux…Des monstres sans avenirs, des bourreaux qui n’attendent que de trouver une mort qui leur sierra d’avantage.
Si tu regardes les livres d’histoire et les archives, tu verras que les sociopathes comme nous étaient utiles jadis…On nous utilisait pour buter le gros gibier, étriper les tribus adverses, nous étions le fleurons des armées en tant que bouchers de guerre, les triples j‘en foutres médaillés auxquels tous les honneurs revenaient…et maintenant quoi? On nous les coupes, on nous dit que maintenant, c’est fini, on est des reliques du passé! Comment tu crois qu’on peut réagir après ça? Nous autres monstres, on fini par buter tout ce qui bouge comme avant…Et on nous enferme en cage où ce qui subsiste d’illusion d’humanité sur nos visages fini par s’effondrer, la peinture s’écaille puis, on est libérés pour prouver une fois pour toute qu’on est irrécupérable, perpétrant des actes plus horribles les uns que les autres…La seule différence tangible entre toi et moi, c’est la manière dont on a choisi d’exprimer notre bestialité…Moi, j’ai choisi de montrer ma vraie nature grâce à la science, de donner libre court à mes pulsions sans prétextes… toi…Tu as choisi la panoplie du gros cigare, du gros flingue, du costar flambant neuf et de la plaque d‘exécuteur…Tu te donnes le beau rôle en tapant sur tes semblables monstres, en les faisant souffrir…

Wateros fit la moue, inclinant la tête et la hochant en signe d‘approbation.

- T’a entièrement raison…On va r’médier à ça!

L’exécuteur se saisit de son arme puis tira une balle dans l’entre jambe de Punisher. Ce dernier poussa un horrible cris qui se répercuta en écho jusqu’au spatio pod de Phénix stationnant non loin dans la rue.

- J’espère que tu survivras à l’hémorragie…Une fois que j’en aurai fini avec cette affaire, je buterais toutes les merdes volantes qui croiseront ma route…Une manière comme une autre « d’exprimer ma bestialité et mon utilité dans un système qui me rejette» . Grave bien ça dans ton crane de piaf.

Jack prit la direction du pod laissant la créature se morfondre sur le bitume au milieu d’une flaque de sang. Il ouvrit la portière et fit:


- Bien, agent Phénix, nous avons une nouvelle destination…Vous êtes vous familiarisé avec mes méthodes?

- Je ne peux pas dire que j’approuve…La créature que vous venez de blesser fait figure de légende urbaine et elle terrorise bon nombre de foyers…Vous l’avez sauvagement agressée, pour finalement la laisser courir les rues, je ne suis pas sûr de saisir…

- Le laisser courir les rues? Vous plaisantez j’espère?

- Vous ne l’avez pas interpelé…

- Qui vous parle d’interpellation?

L’agent ressortit du véhicule, repartit en direction de la créature. Les secondes s’enchainèrent interminablement. La tension monta, puis une nouvelle détonation raisonna dans la rue. Enfin, il revint et repris les commandes.

- Pour toutes les saloperies qu’il a fait…Il méritait bien de mariner un peu, vous ne croyez pas?

- C’était un meurtre de sang froid…Qui plus est hors de votre juridiction…Ce n’était même pas un ordre du NSU! fit Phénix visiblement choqué.

- J’ai l’air de vous étonner, vous qui aviez l’air de tout savoir sur moi…Vous n’avez pas réussi à anticiper ce que j’allais faire? Tiens, je vais vous étonner encore un peu! On sais tous les deux pourquoi j’ai été engagé. ils ont dressé mon profil psychologique, et ils ont vu que j’étais un sociopathe violent, parfait pour se salir les mains et être sacrifié à la première merde, pas vrai?

L’agent de l’armada resta sans mot dire, interdit et plus ou moins stupéfait.

- C’est ça, hein? Dit Wateros, affichant un sourire carnassier. Vous en faites pas, je l’ai toujours sût, au fond de moi. Quelque part, cette ordure de Punisher me connaissait bien mieux que vous ou que ma propre mère. Voilà un problème de réglé! Je sais où on peu trouver un noëliste, si vous êtes chaud pour faire des heures supplémentaires, tout se jouera ce soir dans un pub dégueulasse des bas fonds. Vous vouliez de l’expérience, faire vos preuves? C’est maintenant ou jamais!

- Nous formons une équipe, je vous suivrais pour vous seconder! Dit Phénix ayant manifestement retrouvé son calme, ce qui eu pour effet d’agacer profondément Jack. Le véhicule s’envola laissant la dépouille sans vie du monstre au milieu de la rue gisant dans une flaque de sang, sans honneur, à la vue de tous.


Le spatio pod se posa dans l’une des ruelles les moins éclairées de Cross village. Les deux agents se dirigèrent vers un pub vaguement éclairé. Le bar semblait minuscule vu de l’extérieur.
Quand ils entrèrent dans l’établissement, le barmaid, leur demanda ce qu’ils désiraient consommer
de derrière son comptoir.

- On aimerai passer une nuit pénard à siroter une boisson et regarder un truc pas commun, pas un strippe ou un truc trop banal si vous voyez ce que je veux dire!

L’homme eut un moment d’hésitation puis répondit:

- On fait dans le classique, c’est-ce qui fait la réputation du bar, désolé!

Watéros le menton recouvert d’une barbe de deux jours le fixa de ses yeux verts, il vint à sa rencontre s’asseyant face à lui puis lui lança avec un sourire aimable:

- Y’a pas un chat dans ce bistrot…Il est huit heures du soir, c’est le bouiboui le plus huppé du coin…Y’a comme un pépin…

L’agent sorti sa plaque du NSU et la lui glissa sous les yeux. L’homme ne se laissa pas impressionner.

- Messieurs, veuillez quitter mon établissement s’il vous plait!

- Au sous sol… fit Phénix pointant du doigt la porte située derrière le bar.

Le maître des lieux stupéfait écarquilla les yeux sous l’effet de la surprise. Jack se retourna vers son Co équipier tout sourire.

- Voyez vous ça…On en rediscute un peu plus tard, si vous le voulez bien, pour le moment, les deux agent que nous sommes allons gentiment inspecter le sous sol de votre relai gastronomique cinq étoiles si vous le permettez, bien sûr!

Lentement, le barmaid ouvrit le bar, puis la porte donnant accès aux sous sols. Une petite échelle leur permit de descendre puis d’ouvrir une porte donnant sur une vaste pièce éclairée de mile feux. Bon nombre de personnes de tous âges étaient rassemblées en ces lieux et observaient de jeunes femmes dévêtues danser de manière voluptueuse, jouant de leurs charmes. Les deux hommes se mêlèrent au public s’attablant le plus naturellement du monde.

- Comment va-t-on faire pour trouver l’homme que nous cherchons? Il se pourrait qu’il ne soit que fournisseur auquel cas nous ne l’attraperons jamais! Dit Phénix haussant le ton de la voix tentant de couvrir le son ambiant.

- Vous n’avez qu’a vous servir de vos pouvoirs, je suis sûr qu’on sera fixés rapidement!

L’homme à l’épaisse chevelure rousse s’abstint de toutes réponses se renfrognant légèrement. Soudainement, un rideau s’ouvrit, un homme en sortit. La musique s’interrompue.

- Amis de tous bords, il est maintenant l’heure d’accueillir notre chair fraiche de ce soir. Agée d’à peine dix huit ans, voici, la belle, l’innocente Elyse!

Une jeune fille nue à l’allure fragile et maladive, blonde aux yeux bleue apparue derrière le speakeur.

- Si elle est vraiment majeur, j’me pend! Glissa furtivement Wateros à l’attention de Phénix

- Elle a peur…Elle est effrayée, la drogue à corrompue ses pensées…Je n’arrive pas à comprendre la raison de sa terreur…

- Laissez, vous allez vite saisir… ironisa l’exécuteur.

Le présentateur reprit de plus belle:

- Quittant papa maman le jour même de son anniversaire afin d’épouser une vie de sex et de débauche, cette jeune donzelle tomba bien vite dans l’enfer de la drogue afin de connaitre les sensations de la chute libre, la dépravation la plus totale! Aujourd’hui pervertie jusqu’à l’os, la petite Elyse pourtant choyée et bien éduquée s’apprête à franchir le pas et à vivre son fantasme le plus dérangeant et le plus excitant: transcender sa chair et devenir le vice incarné! -L’homme parlait d’une voix suave évoquant malgré tout le dégout et l’excitation perverse pour une monstruosité malsaine-

La jeune femme, les bras croisés, voutée, s’avança vers le public. Du plafond descendit une cloche de verre. La porte s’ouvrit puis elle entra. Au bout de quelques secondes, un gaz jaune aux éclats évoquant les paillettes se répandit à l’intérieur, une seule bouffée suffit à vider la cloche. Le contenu vaporeux rentra presque instantanément dans les poumons d‘Elyse. Cette dernière se mit à danser pendant quelques minutes accompagnant une musique douce au volume sonore très faible.
Après un long moment, les trémoussement de son arrière train se firent plus saccadés…Elle éprouvait manifestement de plus en plus de difficultés à se mouvoir.

Son visage se crispa tandis qu’elle tentait vainement de continuer la dance. Ses jambes refusèrent peu après d’obéir. Se penchant en avant, elle tenta de se retenir avec ses mains sur la vitre de sa cloche, appuyant sa tête. Elle poussa un cri qui devint hurlement, avec le temps, la souffrance semblait de plus en plus intolérable à mesure que ses cris devenait de plus en plus inhumain, déformé en grande partie par l’absorption de la vapeur et par la douleur. Se redressant, le visage de la fille n’affichait pourtant aucun signe de pareilles sensations.

Au contraire de ce que son cris pouvait laisser penser, ses traits semblaient détendus en proie à un plaisir intense. Son front semblait anormalement ridé et se plissait à vue d’œil. Ses mains et ses pieds grandirent, sa peau se déchira aux extrémités laissant apparaitre ses os ensanglantés. Sa poitrine gonfla dans des proportions anormales et disgracieuses, des veines apparentes effroyables cernant ses tétons. Son bassin et ses anches s’élargirent monstrueusement tandis que du sang commençait à couler de son front. Ses cris devenaient de plus en plus hystérique, ses yeux étaient convulsés.

Phénix, horrifié se leva de sa chaise se rapprochant de la scène.

- Phénix, qu’est-ce que vous foutez? Lança Wateros

Il s’interrompit apercevant une silhouette derrière le rideau duquel était sortit le speakeur. Les yeux blancs du nouveau venu le fixaient dans l’ombre sans battre des paupières. Il se rappela immédiatement l‘homme qui lui avait échappé lors de sa précédente mission, surement un noëliste. Il se leva à son tour de sa chaise et dégaina son révolver. Deux gardes du corps se jetèrent sur lui.
Phénix n’était plus qu’à quelques centimètres de la vitre, les yeux pleins de larmes, il posa sa main dessus. Le crane de la jeune femme s’entre ouvrit sans un bruit laissant apparaitre un globe oculaire imbibé de sang. Son ventre aurai pu laisser penser qu’elle attendait des quintuplés.

- Non…Stop… Fit faiblement Phénix parlant en même temps que remuaient les lèvres de la mutante.

Un coup de feu retenti ce qui provoqua la panique générale. Jack venait de tuer l’un des deux hommes. L’Œil rouge regarda rapidement vers l’endroit d’où était parti le bruit, soudain, les deux yeux de la jeune femme reprirent une position normale avec une expression de terreur. Elle hurla, d’une voix terrible, si puissante que la vitre de la cloche vola en éclat blaisant quelques personnes aux alentours à l’exception de l’agent de l’armada qui semblait n’avoir rien remarqué. Ce dernier ferma les yeux laissant couler ses larmes sur ses joues. Le cri de plus en plus puissant tua littéralement toute personne à proximité dont le speakeur qui n’eut pas le temps de comprendre la situation. Se débarrassant rapidement du deuxième garde du corps, Wateros l‘air totalement stupéfait se retourna dans la direction de la femme.

En souffrance, Jack boucha son oreille gauche avec sa main gauche puis tandis son révolver avec sa main droite dans la direction d‘Elyse. Il hésita un moment, puis tira une balle qui se nicha dans sa tête avant de la faire taire définitivement.
Phénix tomba à genoux puis il pris la main de la mutante toujours en proie aux larmes et aux sanglots. Gisant au milieu des morceaux de verre, sa mutation semblait s’être stoppée net. Straffant vers la scène, l’exécuteur franchit le rideau à la poursuite de l’homme qu’il devait interpeller.
Il franchit un sas qui donnait sur l’extérieur là où étaient entreposées des bennes à ordures. Il s’immobilisa sous la neige, cherchant du regard le fuyard.

- Ou t’es sale fils de pute?

Un homme sortit d’un angle de mur vêtu du fameux manteau de cuir noir à col dressé. Le noëliste avait le teint basané, visiblement très jeune, il avait les yeux blancs ainsi que ses cheveux courts.

- Tu t’es ramené sans ton chaperon Jack?

- On se connait?

- De nom…

- J’ai des questions à te poser, sur tes potes les noëlistes, tu vas gentiment venir avec moi…Plus tu te débattra, plus ce sera douloureux!

- Tu veux savoir quoi sur nous? Je pensais que tes employeurs savaient déjà tout, on t’a rien dit? T’es si insignifiant que ça?

- Qui est votre chef? Les tiens cherchent t’ils à tuer le président, ou est-ce une action plus localisée de certains de vos membres? Comment comptent ils procéder? Pourquoi ce business du molochisme?

- Alors…Je sais pas trop par où commencer… - l’homme parlais d’une voix atone, dénuée d’enthousiasme comme du moindre signe d’embarras ou de répulsion- Le molochisme sert à financer nos recherches, c’est très lucratif, le dernier vice à la mode, mais c‘est aussi un moyen de faire pression sur les dirigeants, c‘est tout du moins en ce but précis qu‘il nous a été demandé de participer à ce trip crado. Tous les noëlistes ont été payés et recrutés pour buter Eldar. Le chef, c’est moi, Shewik…D’autres questions?

Wateros ria bruyamment.

- Toi, le chef? T’a pas vraiment l’allure d’un chef terroriste…Excuses moi, vieux!

- J’ai surtout l’allure que je veux…Tout comme je peux te donner l’allure que je veux, quand je veux! Au vu du peu d’informations dont tu sembles disposer, je doute que tu sois habilité à en obtenir de nouvelles…

-L’allure que tu veux…Moi aussi, je peux te donner l’allure que je veux…Et je doute que tes nanos polymorphes soient capables de passer outre mes défenses, ceci dit, tu seras surement mort avant même d’essayer…Les infos, y’a pas de lézard…Tu les pisseras ou tu les chieras, d’une manière ou d’une autre, je saurais tout ce qu’il y’a à savoir sur ta bande de lascars. C’est l’heure de la branlée, des dernières volontés?

- Ouais…J’veux que t’ai un gros pif, un cul d’éléphant et un cou de girafe…

Wateros straffa avant que Shewik ait terminé sa phrase. Il hérissa son point de pics qu’il tenta de précipiter vers le visage de sa cible. Soudain, sans raisons, son bras se stoppa. Bras croisés, le noëliste poussa un soupir levant ses yeux blancs au ciel.

- Quel silence…

Jack reparu à quelque mètres, son arme à la main prêt à tirer, mais incapable d’appuyer sur la détente.

- Y’a un truc que t’a pas dût saisir le justicier…Mes nanos sont déjà en toi…Le truc de la fumée colorée, c’est le strass, les paillettes pour faire triper les conards vicieux en costar cravate venu se rincer l’œil…Je te tiens déjà par les couilles, tu serais même pas capable de m’en coller une, même si tu le voulais, c’est comique, non? Dans pas longtemps, elles auront passés tes défenses anti manipulation génétiques, et après…Bref, c’est là qu’on va bien s’amuser!

- Dans tes rêves, gros con… - Wateros tenta une nouvelle fois de tirer, sans succès. Devant ses échecs, des tics nerveux violents animèrent son visage-

- Nan, attends, j’ai une meilleure idée…Les mutations sont pas douloureuses, elles libèrent de l’endorphine en grande quantité ce qui généralement déclenche un orgasme d’une amplitude telle que tu serait bien incapable d’en donner à qui que ce soit…Même en insistant lourdement. Tu connais le proverbe: « libère la flamme qui est en toi! » tu vas péter le feu, j’te le garantis! Dans un instant, tu vas fondre sur place comme un esquimau au soleil. Tes organes surchaufferont et ta peau dégoulinera de touts les cotés, c’est plutôt fun, nan? Il parait que ça, c’est extrêmement douloureux…Un sort parfait pour un gros porc drogué et bouffé par ses tics, non?

L’agent du NSU eu soudainement des bouffées de chaleur intenses qui le firent transpirer abondamment. La porte par laquelle il était entré s’ouvrit derrière lui, Phénix apparut les yeux encore rouge.

- Tiens, un agent de l’armada…Vous venez me filer un coup de main?

- Pas exactement… -L’agent dégaina son arme- relâchez votre emprise sur l’agent Wateros!

- Ho hooo, pas de menaces, ça fait pas partie du deal!

- Relâchez votre emprise immédiatement!

- Ce type en sais trop, il a tenté de me tuer et mes ordres viennent de bien plus haut. Vous n’êtes pas en position pour faire des menaces, ce que je fais subir à votre agent peut tout aussi bien vous arriver!

- J’en doute fortement…

- Voyons cela alors! Fit Shewik, le sourire grandissant.

Son air enjoué disparu à mesure que les secondes passaient, Phénix ne semblant souffrir d’aucun effet de manipulation quelconques.

- C’est quoi le délire…T’es quoi au juste? T’existe pas? Dit le noëliste décontenancé.

Phénix tira une balle dans la tête de Shewik qui s’effondra dans la neige répandant éclat de boîte crânienne et morceau de cervelle dans le blanc immaculé. Presque immédiatement, Jack prostré dont le teint avait viré au rouge vif semblait être soulagé.

- B…Bordel… -fit il récupérant difficilement sa respiration- Agent Phénix, je vous en doit une…

- Ne me remerciez pas…Votre organisme se libérera bientôt par voie naturelle des nanos que vous avez ingéré. Dites moi maintenant…Où se trouve votre limite?

- Ma…Limite? Où voulez vous en venir?

- La fille que vous venez de tuer…Elyse…N’était âgée que de treize ans. Elle était innocente. En un regard, j’ai finalement pu retracer son existence…Ce que j’ai vu… -Phénix étouffa un sanglot- Une existence telle que je n’en souhaite à personne…Elle est morte dans l’indifférence générale, désirant dans ses derniers instants n’être jamais née. Son corps jouissait tandis que son esprit soufrait le martyr, victime de quelque chose de plus terrible qu’un viol…La destruction de son corps et de son esprit…Le viol de ses atomes…Et dans sa solitude, personne ne pourra la pleurer. Je…Je ne comprend pas les sentiments, je ne peux que me borner à les assimiler au fur et à mesure comme un nouveau né…Alors…Dites moi…pourquoi? Elle ne pouvait vous tuer à cette distance, elle avait besoin d’aide…Etais-ce par plaisir…ou vengeance? -Termina Phénix implorant-

- Treize ans… -Jack ferma les yeux- Elle était un obstacle entre ma mission et moi…Que savez-vous du monde qui vous entoure? Savez-vous que j’ai déjà tué bien plus jeune qu’elle et dans des circonstances plus horribles encore?

- Je le sais… -fit Phénix d’un ton tranchant ravalant ses larmes-

- C’est une règle, par laquelle je vivrais…Et mourrais…Rien ne doit m’empêcher d’accomplir mon devoir, même si c’est dégueulasse, que ça va à l’encontre de tous mes principes…Tout le monde ne peut survivre, surtout lorsqu’il est question de la survie du président…Le pire, c’est que tout ça aura été vain, je n’ai même pas eu le temps d’en savoir plus sur l’attentat…Un beau gachis de vies humaine…Pour que dalle!

- Pour l‘attentat…J’ai eu le temps de recueillir les informations…

- Votre don, hein? Vous me jugez en permanence, vous pensez qu’on a forcément besoin d’être télépathe pour comprendre les gens… Mais votre silence, votre gestuelle, vos mimiques en disent plus long sur votre façon de penser que vos propres mots…Je savais tout ce qu’il y avait à savoir sur cette gamine rien qu’en la voyant, excepté son âge exacte. Ecoutez moi bien! Je suis né dans les bas fond de Cross Bone, j’ai vu mes propres amis changer, se corrompre, se perdre, détruire leur famille, leur entourage et aujourd‘hui, j‘ai vu bien pire encore…En définitive, j’ai côtoyé la vermine la plus puante de cette planète en trente ans de carrière et savez-vous quelle genre de pitié j’ai pour elle? Aucune! Le moindre signe de faiblesse et vous êtes mort, vous vous devez d’avoir l’air intouchable en toutes circonstances. Dés l’instant où vous éprouvez de la compassion, vous n’êtes plus un tueur efficace, vous devenez en partie comme eux. L’exécuteur a été crée spécialement pour que les gens comme vous n’aient pas à se salir les mains…Aujourd’hui montre une fois de plus que vous autres ne supportez pas le contacte avec la misère et la criminalité…L’ordre que votre boss m’a demandé d’accomplir il y’a des années, j’ignore à quoi il a servi…Mais pas grand monde aurait accepté un truc pareil…Des gosses même pas âgés d’une dizaine d’année et leur mère implorante…Je les ait tués…J’ai pas fanfaronné après ça, vous pouvez me croire. Le boulot, je l’ai fait, aucun regret…Vous savez quel genre de pourrit je suis! Sachez maintenant une chose: si vous vous mettez entre moi et ma proie, soyez prêt à tirer, car, je n’aurais aucune hésitation…A présent, c’est quoi cette histoire de deal avec l’armada?

- L’affaire est classée secret défense, je ne peux rien vous révéler! Fit Phénix essuyant ses yeux et feignant de frotter son front de la main droite.

Les sentiments dont l’agent fit preuve ce soir là montrèrent à Jack une part d’humanité qu’il pensait disparue en ce monde jusqu’alors…La compassion, il ne l’avait vu dans les yeux d’un homme depuis bien des années. Il ne pu s’empêcher d’éprouver, pour un moment du moins, un élan de sympathie pour le télépathe.

- Une marionnette jusqu’au bout, hein? - fit il un sourire aux lèvres- Ca me va…Si vous avez assez d’informations sur les lieux de l’attentat, alors, nous devrions aller faire notre rapport immédiatement, j’ai moi aussi pas mal de choses à raconter…


Quelques jours plus tard…Les agents Phénix et Wateros furent réaffectés sur une affaire de meurtre non élucidée dans les bas quartiers de Cross Village. Les deux hommes partirent à la rencontre d’un ex mercenaire recruté récemment par les forces de police. L’exécuteur du NSU: Jack Wateros mourut peu de temps après avoir entamé cette enquête.


Alastor Ostromos entra dans le bureau du président afin de s’entretenir avec lui. Ce dernier le visage entre les mains, un verre d’alcool sur le bureau, lança un regard perçant dans le noir insondable des lunettes de l’homme en costume.

- Alastor…Comment s’est soldé cette tentative d’attentat?

- Il n’y avait finalement aucun lien avec le Black Raiden, les quelques anarchistes que nous avons pu arrêter seront jugés et emprisonnés…Nous n’avons trouvé aucune trace du noëliste qui avait orchestré cette affaire, à l’avenir, il serait plus prudent de renforcer les mesures de sécurités vous concernant!

- Sécurité, sécurité…Encore et toujours…Jack et Hamilton sont décédés…Arian aussi, probablement…Quelle sorte de sécurité leur avez-vous apportés? D’ailleurs, vous savez ce qu’il y’a de plus drôle?

Ostromos resta sans voix.

- Jack est passé me voir, peu de temps avant sa mort…Il m’a parlé de possibles liens entre l’armada, votre fratrie, vous vous souvenez?… et les noëlistes…Qu’en dites vous?

L’homme aux lunettes mis quelques secondes à répondre après un silence gêné.

- L’agent Wateros était un sociopathe à tendance paranoïaque/dépressif avéré…Ses états de service ont démontré qu’il était atteint de névroses pouvant parfois aller jusqu’à faire échouer sa mission, sa dernière en l‘occurrence. Il y’avait même des soupçons sur un possible usage de stupéfiant tel que le boost ce qui n’aura pas arrangé son cas. Il semblerait que cette théorie explique d’ailleurs ses accès de rage incompréhensibles pour ses collègues… Enfin, je peux vous certifier que l’armada n’a jamais traité et ne traitera jamais avec des terroristes!

Eldar lui sourit, puis repris:

- Dans quelques jours débutera le procès de Néro dit le Ninja de la FOX…On traduis les héros en justice, la fin d’une ère… - Eldar se leva de son fauteuil pour regarder à travers sa baie vitrée les buildings enneigés- Le néant guette cette cité, j’ai la sensation que son destin m’échappe chaque jour un peu plus…Plus j’oppose de lois au vice, plus il reviens grandissant et plus puissant encore…Dois-je en plus me méfier de vous?

- Mon seul et unique but est d’assurer la pérennité de ce grand édifice qu’est notre société, n’ayez aucun doute sur ma bonne volonté!

- Je n’en ai pas…Seulement, voyez, ma survie n’a aucun rapport avec ce dont vous parlez…Aussi, vos paroles me donnent froid dans le dos…Je n’aimerais pas être votre ennemi! J’ai des choses à régler à présent, les accords PMC/NSU sont bouclés, j’espère simplement qu’ils feront de meilleurs gardes du corps que vos hommes, si vous voyez ce que je veux dire… Vous pouvez disposer!

Ostromos quitta la pièce sans ajouter le moindre mot.