Dans un vieil entrepôt, une lampe vacillait au dessus de ce qui devait s'apparenter à une scène de crime. Quatre dépouilles de noir vêtue, le corps taché de sang reposaient sur le sol maculé du même fluide couleur vermeil. Non loin, trois inspecteurs prenaient en photo les victimes aux visages blêmes aux yeux blancs, gisants chacun une énorme plaie béante sur le torse, puis, le mur du fond. Le flash révéla l'écriture inscrite en lettre de sang: « Mort aux noëlistes ! »
- Ça pourrait être n'importe qui... -Lança l'un d'entre eux.
Le second au teint basané s'agenouilla posant l’archaïque mais non moins efficace (en cette période de trouble et d'attentat aux nano machines) appareil photographique. L'homme devait être âgé d'une trentaine d'année et portait un costume de fonction.
- J'en doute... -s'écria t'il-
Le troisième faisant le tour de la salle, récupérant les indices à la main, celle ci étant naturellement dépourvues d’empruntes digitales s’écria :
- Tu doutes de quoi? Du fait que tous le monde veuille buter ces salopards ? - il s'affaira à retirer un manteau de noëliste n'appartenant pas aux victimes...D'où tombèrent deux globes oculaires encore gorgés de sang, l'agent sursauta et lança un juron.
Le second agent, imperturbable, répondant au nom de Sidney-Jones Goodlike lui rétorqua d'un ton monocorde:
- Ils sont effectivement nombreux à vouloir la mort de ces types, la population est devenue complètement hystérique après l'attentat du Métal Fox. Les milices qu'ils forment pourraient être déterminées à éradiquer les yeux blancs et tout autre forme de danger. Pourtant...Je doute qu'ils se soient rendu responsable de ce meurtre...Je vais tenter une plongée ESP... -conclut t'il, ôtant son unique gant noir.
Le premier agent continuant de prendre des photos en position accroupie esquissa un sourire et dit :
- Sérieux, c'est comme de regarder la solution à la fin d'un livre de devoirs de vacances ton truc, en moins fiable !
- La ferme Lorens, tu vois pas que tu gêne l'artiste ? Se moqua le second , se retournant brièvement, remis de ses sensations fortes et déposant les yeux blancs du bout des doigts dans un sachet plastifié, non sans frissonner de dégout.
Goodlike posa la main au sol fermant les yeux. La terre sembla trembler, la vision était hautement instable. Des cris, des coups de feu, un bruit abominable de vrille sifflant dans les airs et de chair mutilée. L'agent ouvrit les yeux pour découvrir un spectacle macabre : un horrible monstre transperçant des corps de noëlistes, les soulevant de terre via d'énormes tentacules vrillant de toutes part et dont la base se trouvait dans le dos du moloch.
La créature moite, au ventre proéminent semblait ne pas avoir de cou, disposait d’énormes yeux bleus globuleux et son cri aiguë résonnait dans la pièce, sortant de sa bouche aux dents affûtées comme des lames de rasoir. Dans le fond, une femme vêtue d'un chapeau de deuil noir à voilette inscrivait au mur ses revendications, la main trempée du sang des victimes de son laquais cauchemardesque.
L'un des noëlistes beaucoup plus doué que les autres, à genou, attaché pour une raison inconnue se libéra de ses liens et tenta de tuer la bête en se ruant sur elle, mais la reine moloch se retourna soudainement et le stoppa net levant sa main sanguinolente. Le noëliste aussitôt s'effondra, hurlant sur le sol. Elle s'écria alors d'une voix glacée:
- Des nano polymorphes sont en toi...En très petite quantité, mais elles œuvrent activement à leur reproduction. Quand elles seront suffisamment nombreuses dans ton organisme et qu'elles proliféreront, tu seras l'un des nôtres. C'est grâce à elles que nous vous avons localisés et je suppose que c'est la raison pour laquelle ils voulaient te supprimer discrètement.
Le souffrant s'écria de toutes ses forces et ce malgré l'insupportable douleur, se tenant les côtes: « Aidez moi ! Je vous en supplie ! »
- T'aider ? Je suis absolument désolée, mais les... « molochs »...ne comptent pas de yeux blancs parmi eux...Et ils n'en aident pas d'avantage.
Contrit, l'homme se dressa tant bien que mal sur ses genoux le menton rentré, et lentement, porta ses mains à ses yeux. Il s'arracha littéralement les globes oculaires des orbites, hurlant atrocement, le sang suintant de part et d'autres de ses doigts. Le visage de la reine stoïque aux yeux sans paupières aurait pu trahir le dégoût et l'incompréhension qu'elle éprouvait si son visage n'avait pas entièrement été brûlé par les flammes. Pourtant, c'est un autre sentiment, la compassion qui finit par prendre le pas sur le reste.
Le noëliste finit par s'effondrer et s'évanouir. La reine s'approcha de lui, le regardant longuement puis elle fit : « Emmène le... » d'une voix évanescente à l'adresse de son acolyte. La vision de l'agent S.J perdit de plus en plus en stabilité au point qu'il dût y mettre un terme rapidement. Il reprit connaissance toujours à genoux refusant l'aide de ses subordonnés qui souhaitaient l'aider à se relever.
- On a bien affaire à un règlement de compte...Pire encore...Les molochs ont bien un chef, une cheftaine, plus précisément...
- Ces trucs là ? Ils sont structurés ? Vous voulez rire !?
Avant de lui répondre, Sidney lui jeta un regard d'une froideur éloquente qui rappela instantanément à son coéquipier acquiesçant d'un sourire qu'il n'était pas homme à rire sur son lieu de travail.
- Non. Malheureusement. La situation est grave, nous ignorons encore où se trouve Elder et ce type qui a piraté le serveur NSU...Et voilà qu'on nous colle cette affaire de guerre des gangs. Nous avons d'autres chats à fouetter...
« ...Il nous faut retrouver ce hacker, avant que l'Armada ne le retrouve avant nous...Il l'ignore sans doute, mais il est en grand danger et est le seul a avoir pu pénétrer les défenses du système... » Plongé dans le noir, le visage d'un jeune homme à la maigreur cadavérique était éclairé à la lueur de l 'écran de son ordinateur. Plusieurs post it y-étaient scotchés, sur l'un d'entre eux était écrit en gros « roul roul » probablement l'un de ses mot de passe.
Ce qu'il cherchait était un mystère et l'assiduité et la ténacité dont il avait fait preuve ces derniers jours était proprement surhumaine, son corps commençait à en porter les stigmates. La porte de sa chambre s'ouvrit derrière lui laissant filtrer de la lumière. Ses grand yeux cernés restèrent à observer le moniteur, sa mère, désabusée dont l'état de fatigue attestait du fait qu'elle devait pratiquer un métier particulièrement difficile posa un plateau contenant une assiette remplie de nourriture et un verre d'eau.
Elle lança d'une voix ensommeillée : « bon appétit mon chéri ! » Ce dernier ne daigna pas lui répondre, comme anesthésié. La mère referma la porte et l'obscurité revint. A l'extérieur, la sirène atomique quotidienne depuis le lancement de l'Archange se mit à retentir. L'eau contenue dans le verre se mit à onduler au son des vibrations, le garçon fut soudainement atteint de violents maux de tête, il poussa un grognement portant sa main à sa tempe endolorie et chercha vivement des yeux le plateau.
Tapie dans le fond obscure de la pièce, une étrange présence sembla émaner des murs progressivement à mesure que ceux-ci semblaient rétrécir. La gorge sèche, fuyant la présence, le jeune homme se leva, pris de panique et but une gorgée . Le mal sembla s'estomper jusqu'à disparaître totalement, il en fut de même pour l'ombre hostile. Il regarda tour à tour le verre et l'ombre fixement une lueur quasi démente peignant son visage.
Assis à la table d'un grand restaurant, le président Joshua Elder semblait lui aussi en proie à de violents maux de tête. Assis en face de lui, Alastor Ostromos semblait le dévisager au travers de ses lunettes noires, le visage figé tel un masque de cire.
- Ces alarmes sont t'elles absolument nécessaires ? -s'enquit l'homme à la calvitie et au regard noir avant de boire un verre d'eau après une grande inspiration.
L'agent de l'Armada ne répondit pas tout de suite, observant l'homme puis fit :
- Elles le sont, j'en ai peur, elles marquent le début du couvre feu.
- Le couvre feu...Elle est bien bonne, comme si les molochs et autres déséquilibrés n'attaquaient que passé vingt trois heures. -il eut un rire caustique.
Le front d'Ostromos se fronça, quelque chose clochait...Sa voix ne semblait plus produire le même effet chez le politicien. Il rétorqua au chef du parti Nations Sécuritaires Unifiées d'un ton acerbe :
- En ce cas, autant demander aux gens de rester parqués chez eux toute la journée, sans doute apprécieraient ils...
Elder ironisa :
- Ainsi, les membres de l'Armada peuvent faire de l'humour, on en apprend tous les jours...Vous, qui semblez d'humeur...guillerette, si je puis dire, peut être m'en apprendrez vous plus sur l'état de la flotte militaire censée assurer le retour à l'ordre ?
Nullement décontenancé, Alastor lui répondit calmement :
- Le siège des divers planète n'a sans doutes pas encore reçu le message d'état d'urgence...Ce qui pourrait expliquer le retard de Military.
- Vous l'avez bien envoyé, n'est-ce pas ?
- Évidement. -Répondit l'homme aux lunettes rondes, souriant, mais toutefois peu habitué à autant de scepticisme.
- A quoi vous jouez … ? Un doute affreux semblait poindre en Joshua.
Pour toute réponse, le sourire d'Alastor s'accrut :
- Dans quelques secondes, une attaque aura lieu dans ce restaurant, j'ai demandé au chauffeur de vous emmener immédiatement au siège du NSU. Engouffrez vous dans le véhicule et suivez ses instructions, pour votre sécurité et celle de cette nation.
- Bon sang, mais de quoi parlez...
Ostromos leva la main pour interrompre l'homme et pointa du doigt la vitre se trouvant juste à coté du président, un pète apparut sur le carreaux qui s'enflamma peu après vraisemblablement sous l'effet de la combustion d'un cocktail Molotov. Le politicien par réflexe et surpris par le bruit se protégea le visage avant de se retourner dans la direction de l'homme de l'Armada qui venait de disparaître. Deux gardes du corps les revolvers dégainés apparurent en catastrophe dans la salle étrangement vide. L'un des deux lança, essoufflé:
- Monsieur le président, venez avec nous, par la porte de derrière !
- Attendez, Alastor ! -hurla Elder cherchant l'homme en noir du regard.
- Nous devons absolument nous dépêcher, s'il vous plait !
Résolu, Elder se dressa, et finalement emboîta le pas cherchant toujours le membre de l'Armada du regard, peu tranquille.
- Vous avez raison, partons !
A l'arrière du réstaurant, les trois hommes grimpèrent à bord du véhicule de fonction. Le chauffeur sortit de la ruelle et pris le chemin de la rue principale où une foule en liesse s'était réunie fixant obstinément la vitre attaquée. Elder les observait, incrédule. A mesure qu'il essayait de se concentrer sur eux, il apparut comme évidant qu'il ne parvenait pas à distinguer parfaitement leurs traits de visages, flous et étrangement semblables. Au cœur de la foule, un étrange enfant aux cheveux blancs et aux yeux noirs le visage éclairé par les flammes, seul passant se distinguant véritablement de la masse informe, lui lança un petit sourire. Perturbé, Elder le suivit des yeux avant de le perdre à cause de l'allure de la voiture.
- Quelque chose...Cloche..Que nous arrive t'il ? Pourquoi sommes nous si peu nombreux en période de crise ? Où est l'escorte ? Pourquoi suis-je ici ?
Assis sur sa chaise, en face de son bureau, les mains sur ses tempes, Elder était victime d'un terrible mal de tête. Cette sirène atomique lancinante qui déchirait l'âme...il ne la supportait plus. Le politicien lança plaintivement :
- Je n'ai pas bougé d'ici...N'est-ce pas ? Que m'avez vous fait ? Pourquoi suis-je prisonnier ?
Il fallu un moment avant qu'une réponse ne surgisse de l'obscurité du fond de la pièce, la voix était rauque, lugubre et son irruption manqua de faire sursauter le politicien qui ne s'attendait peut être pas à obtenir un écho à son questionnement.
- Vous n'êtes pas prisonnier, vous êtes libre...Libre de voir comment le monde qui vous a élu vous perçoit.
- Alastor ? C'est vous ? Pourquoi vous cachez vous dans l'ombre ?
- Mon physique s'est quelque peu détérioré depuis ces derniers temps et je ne souhaitait pas vous incommoder en vous le dévoilant.
- Pourquoi me montrer toutes ces choses ?
- ...Ces derniers temps, vous avez été peu enclin à vouloir rester ici, protégé de votre électorat, j'ai donc voulu vous montrer le sort que celui ci vous réserverait si vous tentiez de sortir de ces murs. A présent, je vais vous demander de vous lever et de regarder vers les fondations de la tour. Ceci devrait achever de vous convaincre de la folie de vos désirs d'évasion.
Perplexe et quelque peu effrayé par cette voix d'outre tombe sans visage, Elder se leva de sa chaise, se tourna, et vit par l'intermédiaire de son immense baie vitrée une foule opaque aux pieds de la tour, immobile, semblant l'observer silencieusement. Elder fut parcouru d'un frisson, pris de panique, il se retourna vers l'endroit dont il devinait où devait se trouver son interlocuteur.
- Bon sang, mais que me veulent ils ? Ils restent là, à attendre...Ils veulent que je sorte ?
- Je crains qu'ils ne désirent le contraire en réalité...
Le président écarquilla les yeux, ouvrant la bouche pour esquisser une réponse qu'il ne parvenait pas à formuler. Alastor coupa net :
- Nous avons quelques préparatifs à terminer avant le grand final. Je dois m'éclipser pour le moment, je vous tiendrai régulièrement au courant d'éventuels changement au sujet de votre situation.
- Quel grand final ? Attendez !
La présence semblait avoir disparue.
Original City dans un grand appartement. Une femme obèse au visage revêche dans sa cuisine préparait le dîner, l'holo écran du salon faisait état de la fermeture des principaux médias d'informations attaqués par des manifestants via un message déroulant sur fond noir. La mine neurasthénique, le mari à la bedaine négligemment sortie de son pantalon, avachi sur son divan, se contenta de changer la chaîne afin de visualiser une émission de télé où une femme habillée en clown recevait une série de tarte à la crème au visage tout en devant s'efforcer de garder le sourire, visiblement, une rediffusion.
A l'extérieur, la sirène retentissait depuis plus d'une heure, étouffée par le vitrage de l'appartement. La femme manipulant un couteau de cuisine aiguisé à la perfection coupait un important morceau de viande qu'elle assaisonnait d'épices relevées. Occupée, elle semblait ne plus faire attention à ses maux de tête et continuait de s'occuper de sa cuisine.
La lumière de la pièce commença à faiblir. Plus aucun bruit du salon ne semblait parvenir jusqu'à elle, et c'est dans un silence quasi religieux que la douleur s'intensifia encore parsemant son visage de tics nerveux violents, qu'une présence derrière elle semblait se rapprocher. Doucement, la femme se retourna et pris le chemin du salon, le regard neutre.
L'agent Goodlike suivi de ses hommes arrivèrent en spatio pod de fonction devant l'entrée d'une tour de jade. Les membre du TSU employèrent l'ascenseur de service, l'un d 'eux rompit le silence :
- Vous pensez qu'on le tiens cette fois ? Demanda Lorens à l'adresse de Sidney.
- Son IP est tellement bien cryptée qu'il m'est impossible de vous répondre, nous devons vérifier que nos logiciels sont bien au point cette fois, hors, il n'y a qu'une seule façon de le savoir... -Répondit ce dernier.
La porte de métal s'ouvrit sur un long couloir sombre qui s'illumina progressivement au passage des agents. Goodlike s'arrêta devant l'appartement quatre cent six B et toqua à la porte. Un hurlement lui parvint, l'agent dégaina son arme de fonction et enfonça la porte d'un fulgurant coup de talon, ses subordonnés se trouvant de chaque coté en couverture l'arme sortie. Il vit l'homme obèse à califourchon sur sa femme plantant un couteau de cuisine dans son cœur et semblant s'acharner alors que son épouse était vraisemblablement morte depuis peu.
Lentement, le tueur tourna sa tête dépourvue d'expression vers l'agent le tenant en joue, ce dernier le regardant droit dans les yeux.
- Posez cette arme, immédiatement ! -Lui demanda froidement Sidney.
Le tueur cligna des yeux et se redressa se tournant vers l'agent et commença à marcher vers lui. Ses traits subitement se déformèrent révélant l’extrême fureur avec laquelle il allait se jeter sur lui. L'agent le regard déterminé fit feu et l'occis d'une seule balle. Le corps s’effondra de tout son poids sur le sol. Les deux agents à l'extérieur entrèrent, l'un restait aux cotés de Goodlike, l'autre fouillait la demeure. Sa voix s'éleva, dressant le constat de son examen.
- Il y'a deux autres corps dans les chambres...Deux petits...
Lorens l'arme toujours en joue tourna la tête dans la direction de la chambre, l'air effaré. S.J qui lui observait la pièce s'enquit:
- Y'a t'il des traces de lutte dans la chambre ?
- Négatif...C'est comme s'ils dormaient...
- Vu l'odeur, sa femme était en train de faire à manger, il a égorgé ses enfants dans leur sommeil pendant que son épouse était occupée et à attendu qu'elle vienne dans le salon pour en finir...C'était un meurtre de sang froid, calculé.
- Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? S'enquit Lorens.
- Ce n'est pas un meurtre banal, du moins, ça ne l'est plus. Ce n'est pas le seul cas de coup de folie furieuse recensé depuis quelques jours...Ça ne peut pas être un hasard...Demandez à tous nos contactes ce qu'ils savent là dessus, des hautes sphères jusqu'au M.O.F.O...Je veux savoir pourquoi les gens pètent les plombs ! Quoiqu'il en sois, notre logiciel vaut de la merde, ce type n'a clairement pas le profil d'un hackeur professionnel ! -Conclue Goodlike désignant d'un coup de menton la dépouille morbide du père de famille demeurant les yeux et la bouche ouverte pétrifié dans une expression inhumaine de surprise.
Les jours passèrent, combien, le jeune pirate n'aurait sut très exactement le dire...Craquant un a un les logiciels de sécurité du gouvernement, le hackeur s'infiltrait de plus en plus profondément dans les méandres de l'intranet NSU en quête de documents top secret qui pourraient expliquer la raison de l'apparition des « ombres » : Créatures informe et silencieuse issue de l'obscurité profitant de la sirène du couvre feu pour attaquer, dont parlaient les autres internautes sur les divers forums de discussion encore actifs.
Son curseur cliqua sur le fichier nommé « Rapport sur les deux cent quarante huit ». Ces derniers faisaient état des étonnantes capacités psychiques dont était capable le prototype de super soldat.
Y-avait-t-il une corrélation entre les événements qui secouaient Original City et la mise au point du premier soldat High Skilled Soldier ? La fenêtre de sa chambre était ouverte et donnait sur un escalier de secours sur lequel tombait une brune légère. Derrière lui, comme d'habitude, sa mère déposa le plateau repas déclarant son traditionnel « Bon appétit mon chéri !» comme d'habitude, aucune réponse.
Continuant de lire le rapport, son écran se figea soudain, sa webcam s'allumant d'elle même et une fenêtre de discussion apparut. Les yeux du hackeur s'écarquillèrent, visiblement, les ronds de cuir disposaient de logiciels à jour, ce qui était suffisamment inhabituel pour le déstabiliser. Sur la fenêtre s'affichait à présent les mots : « Ceci est un appel au secours, déclinez votre identité! ».
Pris de panique, ne sachant que répondre, le jeune homme écrivit : « Roul roul », son interlocuteur se contenta de répondre par un unique point d’interrogation. Il hésita un instant puis il se dit finalement que le meilleur moyen d'obtenir des réponses étaient peut être de demander directement à ce nouvel interlocuteur, risquant déjà les pires ennuis, et après tout, il s'agissait d'un appel à l'aide. Il tapa alors sur son clavier :
- Mon nom n'a pas d'importance, savez vous quelque chose sur les screamers ?
La personne répondit :
- Non. -laconiquement .
Il fixa alors l'image de sa webcam et sembla hypnotisé par son propre regard, momentanément égaré devant sa propre maigreur et pour autant absolument pas choqué, ce dont il s'étonnait lui même...Il repris :
- Les divers planètes sont sur le point d'entrer en guerre avec la terre et les PMC si le président n'est pas retrouvé sous quarante huit heures, savez vous où il se trouve ?
L'autre personne mis un moment avant de répondre, comme hésitant :
- Le président se trouve au dernier étage de la tour NSU, il y est prisonnier depuis plus d'un mois maintenant, sans pouvoir. Pouvez vous contacter l'agent Sydney Goodlike ?
- Il est sur mes traces depuis un moment, pourquoi devrai-je me fier à lui ?
- Faites moi simplement confiance, s'il vous plaît, il en va du sort de cette planète !
Le plus sûr moyen d'entrer en contacte avec un agent gouvernemental à sa recherche était encore de désactiver le brouilleur IP, pouvait il faire confiance à cet inconnu, il l'ignorait, mais il ne pourrait éternellement échapper à l'agent du TSU, connu pour sa pugnacité. Il désactiva son brouilleur et écrivit :
- Il ne devrait plus tarder à me retrouver à présent...
Joshua Elder les mains sur son écran-bureau regardait le visage de l'adolescent-providence fixement. Lui qui était parvenu à infiltrer l'intranet de la tour alors que toute connexion avec l'extérieur était actuellement impossible. L'espoir renaissait de ses cendres et le phénix qui naquit avait le visage d'un adolescent lui même presque mort de fatigue, Elder esquissa un sourire de soulagement. Sur la webcam, il vit une source de lumière provenant de derrière « Roul roul », les yeux du politicien s'étrécirent.
La porte grinçait, il y'avait dans l'air quelque chose d'étrange, le silence se fut. Le hackeur leva les yeux de son écran et eut la chair de poule, la voix traînante d'un jeune homme s'éleva :
- Bon appétit, mon chéri...
Sur l'écran venait de s'inscrire : « derrière toi ! »
L'agent de l'Armada au visage juvénile et à l'épaisse chevelure noire bouclée connu sous le nom de Génocide tenait l'adolescent en joue de son revolver et s’apprêtait à faire feu, le bras tendu.
A l'intérieur du Spatio-pod de fonction, Lorens lança de manière tonitruante :
- On l'a ! C'est à deux pas d'ici !
L'engin volant fit une embardée fulgurante sous la pluie faisant demi tour.
Elder pris de panique hurlait derrière son écran « VA T'EN ! » puis entendit derrière la porte de son bureau des bruits de pas claudiquant. La respiration haletante, il ouvrit un tiroir.
Sidney arriva devant la porte de l'appartement du hackeur, celle ci avait visiblement été ouverte sans effraction. La mère du jeune homme était étendu sur un fauteuil comme assoupie, l'un des agents pris son pouls, secouant la tête à l'adresse du chef TSU pendant que l'arme à la main, Lorens entrait dans la chambre.
- Putain de merde... -Hurla t-il.
Le regard de Goodlike passa lentement du corps de la femme à l'embrasure de la porte redoutant ce qu'il allait entendre.
- Il s'est tiré !
Les yeux de l'agent s'écarquillèrent, il se rua vers la chambre. La pièce était couverte de post it au point que l'on ne voyait plus la tapisserie, écrit sur les monceaux de papiers des mots illisibles. L'écran avait été criblé de balles, Sydney s'approcha prestement de la fenêtre par laquelle le froid s’engouffrait et observa l'escalier de secours.
« Roul roul » courrait à toute vitesse dans les rues de Cross Bone, il entendait le bruit de lointains combats qui devaient être d'une violence inouïe. Il s'arrêta un instant, reprenant son souffle, son corps ayant perdu l'habitude de courir et se retourna face à l'obscurité, observant les yeux grand ouverts pour percevoir le moindre mouvement. Il entendit un bruit de galop, puis, vit quelque chose se déplaçant à quatre pattes, d'une forme lisse aux dents pointues et griffes longues et acérées toutes en avant. Le hackeur poussa un hurlement et repris sa course.
La créature, d'une rapidité bestiale gagnait de plus en plus de terrain sur sa proie. Le jeune homme vit au loin une petite silhouette sombre qui s'avançait au milieu de la rue. Au désarrois il appela au secours et la personne s'immobilisa. La créature écrasa au sol le hackeur de tout son poids et le retourna avec facilité. La tête du garçon était à présent nez à nez avec l’épouvantable monstre qui ouvrit sa gueule en grand, poussant un terrible hurlement strident, s’apprêtant à lui dévorer le visage.
Soudainement, la monstruosité fut aisément soulevée de terre et projetée plus loin dans la rue par un homme aux yeux bandés portant un treillis militaire. Le monstre heurta une voiture garée de plein fouet avant de se relever presque aussitôt. La silhouette de noir emmitouflée se rapprochait lentement de la scène tandis qu'un nombre de personne conséquente commençait à sortir de la pénombre, encerclant le jeune homme, le nouveau venu et le monstre. Le souffle court, Roul roul observait à droite et à gauche rampant nerveusement sur le sol .
Il se rendit compte que les personnes qu'il voyait étaient pour la plupart difformes, certains au point qu'il était parfois difficile de faire le rapprochement avec un être humain. A peu prés au même moment, il heurta la jambe d'une femme vêtue de noir, celle là même qu'il avait interpellée de loin, lui demandant assistance. Il leva les yeux et vis l'effroyable visage de la reine moloch, privé de paupières et de lèvres, observant fixement son poursuivant. Sa mâchoire remua laissant entendre sa voix presque inhumaine et dont la force semblait surnaturellement amplifiée :
- Tu es loin de ton territoire, laquais de l'Armada...
La créature sans yeux tourna sa tête vers la reine et à son tour pris la parole d'une voix gutturale:
- Cette proie est à moi femme, ne te met pas en travers de ma route !
- Nous sommes plus nombreux, c'est toi qui est sur notre route, spectre...
Le monstre tenta de feinter pour atteindre le hackeur, mais l'homme au treillis sortit un bâton métallique de sa poche se muant en faux et bloqua le chemin un sourire narquois aux lèvres.
- On ne peux tuer ce qui n'existe pas, l'ignorais tu, moloch ? -Lança le membre de l'Armada dédaigneusement.
Le cercle de mutant se referma lentement sur Génocide et la reine conclut en ces mots :
- Il n'y a qu'un fantôme n'ayant jamais connu la souffrance pour se croire invulnérable, malheureusement pour toi, tu n'es pas tout à fait un fantôme...Ni tout à fait invulnérable !
Le cercle était à présent à quelques mètres du monstre. Ce dernier prenant les devants se rua sur les molochs jouant des griffes et de pouvoirs télékinésiques lui permettant d'éjecter plusieurs assaillants à la fois d'un seul coup de taille. Pivotant sur lui même, il repris sa forme humaine costumée et tira une salve de balle directement à la tête des mutants. Basthenry, aveugle, tourna son chef vers la reine, celle ci lui répondit d'un signe approbateur. Le psychopathe disparut immédiatement en straffant, repoussant plusieurs molochs et par là même, les protégeant des tirs nourris de Génocide qui tourna ses yeux vers un point précis et tira une seule et unique balle.
Sébastian reparut tenant la balle dans le creux de sa main un grand sourire aux lèvres. L'agent de l'Armada fit mine de baisser son arme pour finalement se rechanger en monstre, se jetant sur le straffeur avec vitesse et férocité toutes griffes sorties. Basthenry scinda en deux son bâton acéré aux deux extrémités et contra habilement tout les coups assénés par son adversaire à l'aide des désormais deux lames rutilantes.
Il enclencha alors un straff qu'il interrompue dans un grand élan ce qui eut pour effet de souffler littéralement Génocide qui fut rattrapé par le mutant aux tentacules. Ces derniers se nouèrent autours des membres du Transplan Durable Armé le faisant ainsi hurler d'un cri suraiguë. Le sourire de l'ex « docteur Pussy » s'accrut au point de laisser voir ses horribles gencives, puis il s'approcha la lame à la main.
- Il paraît que pour supprimer l'un des vôtres, il faut être absolument sûr de vouloir et de pouvoir le tuer...Alors...Voyons...Si un spectre a des tripes !
La reine regardait la scène sans mot dire avec toujours à ses pieds le jeune hackeur médusé, retenant son souffle...Cet homme devait sûrement bluffer, il voulait certainement lui faire peur...La moloch elle aussi semblait à cet instant précis jauger la cruauté de son serviteur, pourtant, quelle quelle soit, jamais elle ne retiendrait sa main.
Sébastian planta le bout de son arme dans l'entrejambe de son ennemi et remonta lentement le long de son ventre. A mesure que la lame remontait, la créature hurlait de plus en plus terriblement. Certains molochs détournaient le regard, d'autres regardaient d'un air amusé, d'autres encore semblaient en proie à une crise d'angoisse. Le sourire du dément s'effaça petit à petit, sur sa lame, point de sang, son supplicié venait tout bonnement de disparaître.
- Piètre satisfaction. -Lança t'il placidement.
Roul roul qui tentait de s’échapper en rampant poussa un petit cris lorsque Basthenry se retourna vers lui. La reine continuait de regarder le bourreau sans mot dire, ses liens télépathiques avec ses sujets lui permettaient de lire en partie leur esprit...Pourtant, Sébastian était le seul pour qui il lui était très difficile de comprendre les pensées tant la confusion y régnait. L'attention de la reine fut pourtant distraite par l'arrivée inopinée du groupe de Sidney tenant en joue les molochs.
Goodlike observait incrédule cet attroupement qui commençait déjà à se fondre dans le noir, tel un sabbat de sorcières et de démons sinistres qui redevenait néant. Le garçon, au sol, semblait éreinté, au bord de l'évanouissement. Les agents rengainèrent leurs armes et s'approchèrent de lui. Lorens tint sa tête hors de l'eau s'amoncelant sur la route.
- Vous êtes...L'agent Sydney Goodlike ? -S'enquit le hackeur les yeux entrouvert, aveuglé par les gouttes de pluie.
L'homme ne répondit pas tentant une connexion par codec afin d'appeler une ambulance. D'une voix faible, « Roulroul » reprit :
- Elder est au QG du NSU, il y est retenu prisonnier...Les ombres, elles craignent l'eau des canalisations de Cross Bone, c'est pour ça qu'il y'a plus de fous là haut qu'ici!
- De quoi il parle ? S'écria Lorens.
- Garde ton souffle petit, tu es en état de choc ! Fit l'autre agent.
Goodlike le regardait attentivement, les étoiles semblaient s’aligner.
- Raijin...Ce salopard...Il savait...Le QG M.O.F.O se trouve géographiquement au plus prés des sources d'eau de Cross Bone, il y aura probablement injecté un agent isolant contre certaines ondes ESP...La drogue d'intronisation cyborg...
- Ma mère...Elle va bien ? -Demanda soudainement le jeune.
Le visage de Sydney prit un air grave.
- Je suis désolé...
Le jeune homme étouffa un sanglot avant de lancer rageusement :
- C'est cet espèce de monstre qui l'a tuée !
Lorens regarda son collègue l'air peiné, puis revint vers le jeune homme :
- Je regrette, elle semble morte depuis longtemps...Semble t'il...D'épuisement.
La bouche du garçon s'ouvrit, les larmes coulant sur ses joues. Il ne pouvait se l'expliquer...Pourquoi ces derniers jours avait-t-il été si insensible, incapable de voir la détresse d'une personne vivant sous le même toit que lui, et pourquoi la ressentait il seulement maintenant ? La sirène atomique se mit à retentir, et dans sa souffrance, le jeune ressentait à peine le terrible mal de tête qui s'emparait de lui à présent. Il continua de sangloter tandis qu'une ombre sortait d'une ruelle obscure se rapprochant à toute vitesse de sa future victime.
Sidney se retourna et vis incrédule le spectre semblable à une ombre mobile volant à quelques centimètres au dessus du sol. La chose s'engouffra dans le corps de « Roul roul » qui se dressant tel un possédé, s'empara de l'arme de l'agent Lorens afin de le tuer avec ce qu'il réussit brillamment et ce dans la surprise générale. L'autre agent dégaina son arme et la pointa sur le jeune . Sidney hurla dans sa direction afin de le dissuader de tirer, trop tard. Le cadavre du jeune hackeur répandait déjà son sang sur la chaussée. Les yeux exorbités, Goodlike observait la dépouille, tandis que le souffle court, en état de choc, son subordonné réalisait l'acte funeste qu'il venait d'accomplir. Devant les deux cadavres, il eut une sensation de vide vertigineux et le souffle lui vint à manquer.
- Raijin...Nous doit des explications...Dés que nous auront reformé nos rangs, nous lui demanderont des comptes ! -Lança, implacable quelques instants plus tard le chef du TSU à l'adresse de son coéquipier au bord de la crise de nerf.
Des gerbes de lumières bleues provenant de l'extérieur, résultantes d'un mélange d'énergie QHS et télékinésiques éclairaient le bureau du président qui observait d'en haut les prémices de ce qui s'annonçait comme un combat titanesque. Le bruit de pas se stoppa devant sa porte, il se retourna, l'air déterminé. La porte s'ouvrit sur un Alastor voûté, muni d'une canne, au visage méconnaissable, comme vieilli, tuméfié, immonde, mais avant tout, armé. Ce dernier leva son revolver dans la direction du président et une détonation retentit...Ostromos baissa la tête, observant l'impacte de la balle sur son abdomen. Joshua Elder l'observait avec une colère méprisante le bras tendu, son revolver dégageant une fumée légère suite au coup de feu.
https://www.youtube.com/watch?v=0PP_hC2e3bA Migraine – Thème des ombres.